AGPB : les revenus des céréaliers rebondissent, mais l'avenir inquiète

 L’AGPB (Association générale des producteurs de blé) craint un effet ciseau pour 2023 : baisse des prix des grains, hausse de ceux des intrants, notamment des fertilisants.

La bonne tenue des prix des céréales en 2021 a bien entendu permis aux céréaliers français de se refaire une santé pécuniaire. Ces derniers ont pu dégager, en moyenne, un revenu (résultat courant avant impôt et après cotisations sociales) avoisinant les 50 000 € annuels en moyenne, rapporte l'AGPB (Association générale des producteurs de blé), lors d'une conférence de presse le 7 septembre à Paris. Mais elle craint un effet ciseau pour 2023 : hausse des coûts de production, du fait de la flambée des prix de l’énergie et des intrants (en raison notamment de la guerre en Ukraine), cumulée à la baisse des prix des grains, amorcée durant l’été 2022, notamment du fait de l’arrivée des récoltes dans l’hémisphère nord et la mise en place de corridors humanitaires sur la mer Noire, au bénéfice de l’Ukraine. Sans oublier que la moisson russe est attendue comme record en blé en 2022.

 

 

Eric Thirouin, le président de l’association, rappelle par ailleurs que ce chiffre de 50 000 € de revenu en 2021 ne constitue qu’une moyenne, les situations étant très hétérogènes dans l’Hexagone. Enfin, il remémore que durant la période 2013-2020, les revenus tombaient, en moyenne, à 6 000 €/an. Les bons résultats 2021 constituent donc un rattrapage bienvenu des mauvaises années précédentes, explique l’AGPB.

Concernant les craintes pour 2023, la guerre en Ukraine a certes engendré une flambée des prix des céréales dans un premier temps, permettant aux céréaliers français d’obtenir des revenus confortables. Mais l’AGPB signale que les prix de l’azote ont progressé depuis 2020 de 80%, ceux de la potasse de 22% et ceux du phosphore de 36%. Et à titre illustratif, les prix du blé tendre, qui dépassaient les 410 €/t sur Euronext fin avril 2022, tombent aujourd’hui autour des 320-330 €/t en spot.

« Aujourd’hui, on nous propose 290-295 €/t, avec un prix de revient à 260 €/t. On n’est pas loin de l’effet ciseau : c’est notre inquiétude pour 2023 », explique Eric Thirouin. Si cette tendance se poursuivait, « on verrait une explosion des coûts de production sans compensation par les ventes », prévient-il.

Rappelons qu’Agritel estimait fin août, pour le seul blé tendre, le coût moyen de production à 161 €/t en 2021, à 201 €/t en 2022, et pourrait atteindre 241 €/t en 2023.

Ajoutons à cela des inquiétudes quant à des pénuries d’offre en fertilisants, le gaz servant, rappelons-le, à la fabrication d’engrais. Des exploitants sont d'ailleurs déjà confrontés à un déficit d'intrants, rapporte l’association. « On voit un rationnement à 1 000 tonnes pour une commande de 10 000 tonnes. En ce moment, quand on commande 1 000 tonnes, on n'a que 150 tonnes. C'est un vrai sujet d'inquiétude pour nous », détaille Cédric Benoist, le secrétaire général adjoint de l'AGPB.

Des agriculteurs ralentissent leurs achats d’engrais

Dans ce contexte incertain, les agriculteurs freinent leurs achats d’engrais. L’AGPB estime que les exploitants hexagonaux ont un retard dans leurs couvertures de deux mois environ par rapport au calendrier habituel. Comportement qui pourrait affecter les qualités des futures récoltes 2023, les quantités et aussi les choix des espèces.