Gestion de la septoriose du blé : quels enseignements tirer de la campagne 2022/2023 ?

[Résultats d’essais - HAUTS-DE-FRANCE] La campagne de blé 2022/2023 a été marquée par le retour de la septoriose dans notre région, avec des symptômes plus précoces qu’habituellement. Les essais ARVALIS ont permis d’évaluer l’efficacité de différentes solutions – chimiques et de biocontrôle –. En voici les résultats.

2023 signe le retour de la septoriose

Le printemps fut très humide de mars jusque début mai, et donc favorable au développement de certaines maladies foliaires sur céréales comme la septoriose, principale maladie qui s’est exprimée. Cela faisait quelques années que l’on n’avait pas observé autant de symptômes sur les feuilles de blé. En revanche, la rouille jaune a été beaucoup moins présente qu’en 2022 (sauf sur les quelques variétés sensibles qui persistent encore et toujours dans la plaine) et l’absence de pluie autour de la floraison a permis d’éviter le risque fusarioses.

En 2023, la nuisibilité moyenne des maladies foliaires dans la région (calculée dans la synthèse des essais ARVALIS + partenaires) est de 13 quintaux par hectare, légèrement en-deçà de la moyenne pluriannuelle 2017-2023 (14 q/ha). Ces pertes ont été limitées par le retour du sec et de l’ensoleillement autour du 10 mai, qui a largement freiné le développement de la septoriose alors qu’on s’attendait jusque-là à une année à forte nuisibilité.

La campagne céréales 2022/2023 nous rappelle l’importance d’ajuster la stratégie de lutte contre les maladies à la pression réelle de l’année et de bien positionner les interventions. C’est d’autant plus le cas dans le contexte inflationniste du prix des intrants (+11 % pour les fongicides en 2023).

Quelle stratégie devait-on adopter ?

Les symptômes de septoriose sont apparus plus tôt que les années précédentes courant montaison. Le modèle Septo-LIS® ne s’est pas trompé en détectant un risque précoce plutôt élevé, et en déclenchant les premiers traitements autour de dernière feuille pointante sur les variétés sensibles et moyennement sensibles.

Trois essais ARVALIS menés en 2023 ont permis de tester les stratégies de protection septoriose (département 02, 18, 41 avec une nuisibilité de 19,5 q/ha). L’application d’un T1 a permis un gain brut d’environ 3,2 q/ha, significatif par rapport à un traitement T2 unique. Selon le prix de vente du blé, le supplément de marge brute varie de +14 €/ha (blé à 180 €/t) à +30 €/ha (blé à 230 €/t).

L’analyse de plus de 200 essais depuis 2013 montre que le T1 permet en moyenne de gagner 1,9 q/ha. Pour un blé vendu à 22,5 € le quintal, ce T1 n’est rentable économiquement que dans un cas sur deux. Le choix d’une variété peu sensible à la rouille jaune et à la septoriose, les observations et le suivi des OAD sont autant d’éléments qui permettent, soit l’impasse du T1, soit une application si et seulement si elle est rentable !

Un troisième passage fongicide T3 a été testé à la floraison dans les essais : il n’a apporté aucun supplément sur le rendement, et donc aucun supplément de marge. En revanche, son coût bien réel a fait perdre plusieurs euros/ha de marge brute. Un traitement fongicide inutile peut coûter cher !

Figure 1 : Stratégies de protection fongicide 2023 – regroupement de trois essais ARVALIS 2023 (02, 18, 41)

Lire la suite de l'article ici