Mercosur : la filière viande française voit d'un mauvais oeil les accords commerciaux

Favoriser l’importation de viandes sur le marché européen tout en demandant aux citoyens de moins en manger pour préserver la planète… l’Union européenne envoie des signaux « négatifs et contradictoires » à la filière, estime l’interprofession bétail et viande.

Dans une lettre ouverte adressée aux institutions européennes, l'interprofession bétail et viande (Interbev) alerte sur les « signaux négatifs et contradictoires » qu'envoie l'UE à la filière élevage. Les éleveurs, commerçants d'animaux, abatteurs, transformateurs et distributeurs de viandes françaises rappellent que leur production se fait en accord avec les réglementations européennes en matière de conditions d'élevage, de transport et d'abattage. Des réglementations qui sont loin d'être identiques dans tous les pays, et notamment dans ceux avec lesquels l'UE établit des accords commerciaux. Pour Interbev, les accords avec le Mercosur (Brésil Argentine, Uruguay, Paraguay) ou avec les États-Unis soumettent les filières européennes à une « concurrence internationale déloyale ». 

« Comment comprendre la stratégie de l'Europe sur le plan de la souveraineté alimentaire qui, alors qu'elle devrait donner à ses filières les moyens de produire, transformer et commercialiser localement, préfère les soumettre à une concurrence internationale déloyale en important des volumes de viandes qui ne répondent pourtant à aucune demande ? », écrit Dominique Langlois, le président d'Interbev, dans la lettre ouverte. 

Il pointe aussi du doigt le choix de la Commission européenne de « stigmatiser la consommation de viandes rouges en demandant à tous les citoyens de la diminuer » afin d'agir en faveur du climat. « Alors que nous faisons, en France, celui de nous engager, en concertation avec les associations de protection de l'environnement, de protection animale et les professionnels de santé, en faveur du « manger mieux » et d'un nouveau modèle de consommation raisonnable et raisonné, permettant de favoriser ces systèmes d'élevage durables, ancrés sur leurs territoires, familiaux et herbagers ? Des systèmes à l'opposé de ceux produisant les viandes que l'UE souhaite importer ! »

À moins de 15 jours des élections européennes, la filière attend de l'Europe de demain « un cap clair et cohérent ».