Travert défend un texte "équilibré" à l'Assemblée

Le ministre Stéphane Travert a défendu mardi à l'Assemblée nationale un projet de loi "équilibré" sur l'agriculture et l'alimentation, affirmant que le secteur agricole que le texte entend "tirer vers le haut" "doit pouvoir retrouver son esprit de conquête".

"C'est un texte équilibré et bien éloigné des visions parfois folkloriques de l'agriculture qui fleurissent çà et là", a déclaré le ministre, à l'ouverture des débats en première lecture du projet de loi "pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable".   

Le texte, qui sera débattu dans l'hémicycle, week-end compris, jusqu'à son vote mercredi prochain, intervient "presque dix mois jour pour jour après le lancement des Etats généraux de l'alimentation" (EGA) voulus par Emmanuel Macron "dès le début de son mandat", il en est "le premier fruit", a-t-il souligné. Il doit "donner du corps" à des évolutions législatives issues de ces travaux.   

"Esprit de conquête"

Assurant que l'agriculture et l'alimentation étaient "au coeur" des projets de la majorité pour la France, ce "marcheur" de la Manche et ex-député socialiste a observé qu'il fallait "lutter à la fois contre ceux qui veulent que rien ne bouge" et "ceux qui veulent absolument imposer leur vision".   Le ministre a appelé les députés à "penser tout particulièrement aux agriculteurs et à nos concitoyens", jugeant que "l'agriculture française doit pouvoir retrouver son esprit de conquête" et qu'il faut que les agriculteurs qui "subissent de plein fouet une guerre des prix" perçoivent "le juste prix de leur labeur".   

Le texte, qui prévoit une "construction du prix à partir de l'amont" et donc des agriculteurs plutôt que des distributeurs, "ne consiste pas en de simples ajustements techniques", a-t-il insisté. "Il appelle à un changement clair de paradigme attendu par le consommateur et le monde agricole". "C'est parce que nous voulons une agriculture prospère, compétitive et durable que notre projet vise à soutenir les agriculteurs afin qu'ils puissent vivre de leur travail, tout simplement", a aussi affirmé M. Travert.   

"Enfumage"

Le ministre a tenu à "rassurer les consommateurs, parfois inquiets des propos alarmistes d'un grand distributeur", alors que Michel-Edouard Leclerc s'est à nouveau ému dans un billet de blog d'un "enfumage" visant à "regonfler les marges de certains distributeurs". "C'est vrai, le relèvement du seuil de revente à perte et la fin des promotions excessives va induire pour la distribution, dans un premier temps, une hausse de marge et de chiffre d'affaires. Mais il n'y a aucune fatalité à ce que les hausses se traduisent par une augmentation globale des prix pour le consommateur", a-t-il affirmé.    

Le ministre a assuré que le gouvernement était "particulièrement attentif" au sujet du bien-être animal et entendait faire de l'alimentation un "moteur fort de la réduction des inégalités sociales", avec notamment les dispositions prévoyant "au moins 50% de produits issus de l'agriculture biologique, locaux ou sous signes de qualité à compter du 1er janvier 2022" dans la restauration collective.