Mercosur : les éleveurs français dénoncent un "double langage" du gouvernement Macron

Les éleveurs bovins français ont dénoncé mercredi un "double langage" du gouvernement français, accusé de "faire semblant" de bloquer l'accord de libre échange entre l'Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur, qu'ils combattent farouchement.

Ce 22 mai n'était pas la journée internationale du régime protéiné mais celle de la diversité biologique. Et pourtant, c'est à un double régime protéiné qu'ont été soumis nos gouvernants. Après l'avertissement lancé par la FOP, annonçant son retrait des discussions du Plan protéines végétales, c'est autour des protéines animales de se rappeler au souvenir du gouvernement. "Nous sommes très inquiets, car nous avons beaucoup d'informations évoquant une avancée positive des négociations sur l'accord commercial UE-Mercosur qui pourrait être signé dans les semaines suivant les élections européennes", a déclaré à la presse Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine (FNB).   

Ses propos ont été étayés dans l'après-midi par une déclaration de la commissaire européenne Cecilia Malmström selon laquelle l'UE et le Mercosur se "rapprochent" d'un accord. Officiellement, la position du ministre de l'Agriculture et du gouvernement français est "claire" a-t-il souligné. "La France dit qu'elle ne signera pas d'accord qui remette en cause ses standards sanitaires, alimentaires et environnementaux", ce qui devrait en théorie lui permettre de s'opposer à l'arrivée en Europe d'un contingent de 99.000 tonnes de viande bovine latino-américaine à taxe nulle, prévue dans l'accord.   

Mais derrière ce "discours de façade" destiné à rassurer les consommateurs avant les élections européennes, en réalité il y a une "dualité" entre "ce que la France dit à Paris et ce qu'elle dit à Bruxelles où elle accepte de fait un accord", a affirmé M. Dufayet, précisant se baser sur différentes sources proches des négociations. 

Selon la FNB, la viande en tant que marchandise "sensible" devrait être "retirée" de tous les accords de libéralisation commerciale. Au Brésil, en Argentine, en Uruguay et au Paraguay, qui sont parmi les plus gros producteurs de viande bovine du monde, "les animaux ne sont pas élevés du tout de la même façon qu'en France", a-t-il dit. "On utilise des antibiotiques comme activateurs de croissance qui ne sont pas utilisées en Europe, des produits anti-microbiens interdits en Europe, et il n'y a aucune traçabilité individuelle des animaux comme l'a montré un rapport européen" a ajouté M. Dufayet en évoquant les récents scandales de corruption dans l'industrie de la viande au Brésil notamment.