Noix et noisette : Fabrice s'installe avec les fruits à coque

L’eau, la noisette et la noix sont au cœur du projet d’installation de Fabrice Moreau qui veut tirer son revenu principal des fruits à coque : un marché porteur et plein d’avenir.

Fabrice Moreau a bâti sa reconversion professionnelle et son installation en tant qu'agriculteur sur l'exploitation familiale autour de la production des fruits à coque, la noisette et prochainement la noix. « L'exploitation en polyculture dispose déjà de 50 ha de céréales, 40 ha de prairie, 20 Blondes d'Aquitaine et 15 ha de noisetiers. Mais sa SAU de 110 ha ne permet pas de passer en céréales. En revanche, le développement du noisetier permet de maintenir une structure viable pour moi et un salarié », explique le jeune producteur, installé à Labretonie (47).

Associer la noisette et la noix

Déjà présent sur l'exploitation après une première phase de plantation de 15 ha entre 2010 et 2015, le noisetier n'est pas un inconnu pour Fabrice Moreau. « Les vergers les plus anciens ont huit ans. Nous avons bénéficié de l'appui technique de la coopérative Unicoque et de l'expérience d'autres arboriculteurs qui cultivent du noisetier dans la région depuis plus de vingt ans. De plus, une unité de stabilisation de noisette et de noix est à proximité », mentionne-t-il. Ce premier verger, actuellement en production, s'est implanté autour d'une retenue d'eau 35 000 m3. « La disponibilité en eau est le paramètre indispensable à la mise en place d'un verger de noisetier. Il faut compter 2 000 m3 par ha », précise Fabrice Moreau. Aussi une seconde retenue de 36 000 m3, réalisée à l'été 2016, va lui permettre de lancer une deuxième phase de plantation. Celle-ci devrait associer la noisette et la noix. Même si les fruits à coque représenteront 80 % de son revenu puisqu'il prévoit d'arrêter l'atelier Vaches à viande, Fabrice Moreau ne mettra « tous les œufs dans le même panier »

Un calibre moyen à destination de l'industrie

« L'objectif est de planter 11 ha de noisetier et 7 ha de noyer supplémentaires pour aboutir à la viabilité de l'exploitation », assure-t-il. Déjà, une première tranche de 5 ha de noisetier a été plantée, durant l'hiver 2016-2017. La parcelle avait été préalablement drainée pour éviter les problèmes d'asphyxie, puis travaillée en profondeur avec un apport de matière organique sous forme de fumier présent sur l'exploitation. Même si la plantation a été réalisée à la machine, la mise en place du verger, planté à 6 m x 2,50 m, nécessite le rebuttage des plants et l'installation manuelle des manchons de protection des jeunes arbres. S'en suit la mise en place de l'irrigation, une double ligne de goutte à goutte. « Nous avons ensuite épampré les scions pour garder trois à quatre bourgeons et désherber l'entre-rang et sur le rang pour limiter la concurrence des adventices », précise l'arboriculteur. Sur cette parcelle pentue, la variété choisie, Tonda di Giffoni, est une variété précoce afin de récolter début septembre et limiter les problèmes d'accès de la récolteuse. « Cette variété a un calibre moyen à destination de l'industrie notamment auprès de Ferrero », mentionne Fabrice Moreau. Une nouvelle tranche de plantation est en cours, mais les conditions hivernales ont retardé l'installation. Pour ce nouveau verger de cinq hectares, Fabrice Moreau a choisi Lewis, une variété américaine, un peu plus tardive et très productive, avec une mise à fruit rapide qui pourrait permettre une première récolte dès la troisième année.

Un marché en croissance avec de fortes demandes

Quatre hectares de noyer sont également en cours de plantation. Là aussi, les conditions pluvieuses ont ralenti le chantier. La parcelle jalonnée, et les trous de plantation creusés l'été dernier, attend encore environ 1 000 arbres alors que 450 ont pu être plantés avant les pluies. Lara, principale variété plantée par la coopérative Unicoque, a été choisie pour son fruit de gros calibre permettant une commercialisation en coque. La plantation de trois hectares supplémentaires de noyer est également prévue. Fabrice Moreau est confiant dans son avenir et prévoit un retour d'investissement à dix ans. « Les quatre premières années de plantation sont de l'investissement et de l'immobilisation des terres, les récoltes de 5e et 6e années permettent de couvrir les frais », précise-t-il. Le professionnel estime que l'équilibre financier de sa production s'établira à 3 t/ha de noisette. Un rendement en deçà de la moyenne de ses plantations actuelles et qu'il espère largement dépasser puisqu'il est possible d'atteindre 5 t/ha. Pour passer le cap, Unicoque accompagne les projets de ses adhérents auprès des banques avec des taux déjà négociés et des paiements différés. « Cette deuxième phase sera financée par un prêt à quinze ans avec cinq ans de remboursement différé », explique Fabrice Moreau. Très présente auprès de l'agriculteur, Unicoque rassure par sa connaissance du marché et sa stratégie de développement mise en place. « Le marché de la noisette est croissance avec de fortes demandes pour le secteur de l'industrie », relate, plein d'espoir, Fabrice Moreau.

Optimiser l'équipement pour réduire les charges

En dehors de l'investissement que représente la création d'un lac pour disposer d'eau et rendre possible la culture de noisetier et de noyer, l'investissement dans la plantation (drainage + plants + irrigation) s'évalue à 10 000 euros/ha de noisetier et 15 000 euros pour le noyer. Par la suite, les charges en intrants et en protection sont assez faibles et la taille au lamier permet de limiter les besoins et les coûts de main-d'œuvre. « Pour assurer l'entretien du verger, je me suis équipé d'un tracteur spécial verger et des outils de broyage pour 55 000 euros, ainsi que d'un pulvérisateur d'occasion de 7 000 euros », détaille Fabrice Moreau. Mais, c'est la récolte mécanique qui représente le gros de l'investissement de la production de noisette. « Il faut compter 75 000 euros pour disposer d'une récolteuse et de matériel d'andainage neufs. Cet équipement s'optimise sur 50 ha de verger. Unicoque met en relation les producteurs et les incite à se regrouper pour amortir au mieux le matériel et réduire les charges de mécanisation. Pour ma part, je travaille en commun avec mon voisin, également producteur de noisette », assure le professionnel.