Céréales : des moissons abondantes en France, mais un recul des prix qui inquiète

Après plusieurs années difficiles les céréaliers français s'attendent à une très bonne récolte en 2019, mais déplorent les effets de la sécheresse en Auvergne et voient avec inquiétude les prix mondiaux reculer.

La moisson est "exceptionnelle" avec plus de 38 millions de tonnes attendues pour le blé tendre (utilisé principalement pour la farine), soit 12% de plus que l'année précédente, "mais il y a une grosse inquiétude car les prix ont dévissé de plus de 10 euros en 15 jours", a expliqué Eric Thirouin, président de l'Association des producteurs de blé AGPB, mardi lors d'une conférence de presse.   

Sur la base des projections de l'AGPB, le revenu moyen des céréaliers pourrait s'établir à 17.500 euros sur 12 mois, "soit moins que le salaire minimum", et pourrait encore reculer si les prix continuent à baisser, a prévenu M. Thirouin. Les années 2015-2016 ont été un tournant pour les céréaliers, qui jusque là étaient considérés comme ceux qui s'en sortaient le mieux parmi les agriculteurs français: une alternance de sécheresses et d'inondations ont généré des récoltes médiocres et donc des revenus en baisse, d'autant que parallèlement les cours mondiaux étaient en chute libre. Les choses se sont ensuite un peu améliorées sur les marchés.

L'année dernière à la même époque, les prix des céréales en Europe et dans le bassin de la mer Noire flambaient. Mais ces derniers jours les cours mondiaux des céréales avaient de nouveau plutôt tendance à reculer. Sur Euronext, les cours du blé européen s'affichaient par exemple mardi en milieu de journée à 166,25 euros la tonne sur l'échéance de septembre, contre plus de 174 le 1er août.

"Récolte désastreuse" en Auvergne

De plus, le tableau général ne doit pas cacher la situation de certaines régions. Les agriculteurs de la plaine de la Limagne notamment (à proximité de Clermont-Ferrand) "ont connu une sécheresse en continu depuis décembre et l'Auvergne connaît une récolte désastreuse en termes de rendement", a rappelé M. Thirouin.   "Il n'est tombé que 140 millimètres de pluie cette année dans la région, alors que la moyenne est de 600 millimètres. C'est une catastrophe. Mes parcelles peinent à dépasser les 45 quintaux à l'hectare en blé tendre, alors que mon rendement moyen était de 60 quintaux l'année dernière", témoigne Mathieu Trillon, céréalier dans le Puy-de-Dôme, cité dans le communiqué.   

La canicule a également causé des incendies dans des champs de céréales à travers la France, mais l'association n'était pas encore en mesure d'évaluer les dégâts à la mi-août.   

Les cultures d'orge devraient elles aussi enregistrer une "production record", estimée à 13,4 millions de tonnes par l'AGPB, "qui s'explique avant tout par un report important des surfaces de colza en orge", selon le communiqué de l'association. Cependant, elle ne peut pas encore prévoir quelles quantités respectives d'orge seront utilisées pour les brasseries ou pour l'alimentation animale car, du fait du haut rendement, la qualité des grains pourrait fluctuer.   

A contrario, la production de blé dur (notamment utilisée pour faire des pâtes) devrait connaître une forte baisse cette année (-17,7% par rapport à 2018) à 1,5 million de tonnes, malgré un rendement moyen record, car les surfaces cultivées ont reculé de 100.000 hectares sur un an.