Les semences de ferme séduisent de plus en plus d’agriculteurs

Les surfaces de céréales implantées en semences fermières sont en augmentation, selon la Coordination nationale de défense de la semence fermière (CNDSF).

Les semences de ferme représentent désormais 60 % des surfaces de blé en France, selon Philippe Ribault, président de la Coordination nationale de défense de la semence fermière (CNDSF). Un pourcentage en augmentation qui s'explique par les conditions économiques auxquelles sont confrontées les exploitations de grandes cultures. « Les gens cherchent à baisser les charges au maximum », résume Philippe Ribault. Selon lui, les agriculteurs réalisent une économie de 80 euros/ hectare en optant pour des semences fermières plutôt que pour des semences certifiées.

L'année 2016, avec sa récolte catastrophique, aura été une année charnière pour les semences fermières. « Les semenciers ont émis des doutes sur la faculté germinative des semences de fermes », indique Philippe Ribault, compte tenu de la mauvaise qualité de la récolte. Mais pour ce dernier, « cela n'était pas vrai dans les faits ». Les semences de ferme auraient aussi bien germé que leurs concurrentes, les semences certifiées. D'où l'incompréhension de la CNDSF, suite à la mise en place d'une enveloppe de 6 millions d'euros en région Ile-de-France, pour aider les agriculteurs à acheter des semences certifiées. « C'est une bonne idée qui s'est terminée en peau de banane », estime Philippe Ribault. Ce dernier estime que la Région a été « victime d'un certain lobbying ».

« Le pipeau, ça suffit »

Dernièrement, la CNDSF s'est aussi impliquée dans la rédaction du plan de filière des semences, dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation. Philippe Ribault regrette n'avoir été que tardivement associé aux travaux. Et le résultat ne le convainc pas : « Le pipeau, ça suffit », lance-t-il. Ce plan ferait « la part trop belle aux semences certifiées ». Il exposerait des « arguments fallacieux » sur les économies de produits phytosanitaires grâce à la sélection de nouvelles variétés.

De même, il se montre critique envers la contribution volontaire obligatoire (CVO), qui sert à financer la sélection variétale. « Les semenciers sont en train de se développer à l'international, avec les taxes payées par les agriculteurs. Au final, ce sont des marchandises qui reviennent par bateau et concurrencent les céréales françaises », estime-t-il.

Ce dernier appelle à mettre en place « une autre gouvernance du secteur des semences incluant aussi bien les semences certifiées que fermières ». Aux yeux de la CNDSF, les semences fermières renforcent l'autonomie des exploitations agricoles et sont une sécurité, en cas de coup dur, pour les agriculteurs. « Dans ces moments-là, le bon sens paysan refait toujours surface », conclut Philippe Ribault.