Des bineuses à disques Roll’N’Sem efficaces sur mulch

Comin Industrie développe des bineuses à disques inclinés, douées pour extirper ou lacérer les mauvaises herbes y compris les graminées, le tout sur mulch et sans travailler le sol. Un espoir sérieux pour le semis direct et sous couvert en bio.

L'agriculture bio sous couvert est parée de toutes les vertus ou presque : structuration du sol par la colonisation racinaire, préservation de la vie biologique des sols, prévention de l'érosion, diminution des risques lessivage des éléments fertilisants, limitation de l'évapotranspiration, séquestration de carbone, enrichissement en matière organique, contribution à la fertilisation, sans oublier l'économie d'engrais minéraux et de produits de synthèse, bio oblige. Un verrou subsiste : la maitrise des adventices, doublement impossible du fait du non travail du sol (on oublie les bineuses) et de l'inexistence d'herbicide bio. Cette dernière problématique dépasse la bio, avec le retrait programmé du glyphosate à l'horizon 2021, hors éventuelles dérogations transitoires. Mêmes- si des alternatives s'esquissent, du côté de l'eau additivée ou de l'électricité, l'impasse demeure.

Quand les adventices percent le mulch

Comin Industrie va peut-être participer à la déverrouiller. La PME basée à Nérac (Lot-et-Garonne) et dirigée par Denis Vicentini, un agriculteur ingénieur en mécanique, s'était déjà distinguée par la mise au point d'un rouleau Faca particulier, constitué de roues modulaires de 5 cm de largeur et flottantes de plus ou moins 2,5 cm sur l'axe. Une conception qui assure l'efficacité du rouleau sur toute la largeur de travail, sur les bosses comme dans les creux, ce qui est interdit aux rouleaux Faca monobloc. Mais l'outil a néanmoins ses limites. « Un rouleau hacheur, c'est très efficace en présence d'une biomasse importante, donc sur les couverts très développés, en intervenant autour du semis », explique Denis Vicentini. « Le problème, c'est qu'en dépit d'un beau paillage, les adventices finissent par lever ». Impossible d'aller gratter quoi que ce soit dans un mulch. Sauf à imaginer un nouveau type de bineuse.

Des bineuses à effet de ripage

Le sens de l'observation met l'agriculteur sur une piste : « dans les tournières, sous l'effet du ripage des roues du tracteurs, les mauvaises herbes ne poussent pas », relève-t-il. L'ingénieur fait le reste : il conçoit une bineuse constituée de disques de 300 mm de diamètre, épais de 10 mm, espacés de 5 cm, montés par paire sur un bras, dotés d'un angle de 30° par rapport au sens de l'avancement et disposés sur deux rangées inversant l'angle d'attaque. « Les disques roulent sur le paillage sans travailler le sol et donc sans risquer d'induire des levées », explique Denis Vicentini. « L'efficacité herbicide s'opère à deux niveaux : les disques parviennent à déraciner de jeunes adventices, y compris des graminées. Les mauvaises herbes plus développées sont quant à elles écorchées sur toute leur longueur, ce qui finit par les faire mourir sinon à les affaiblir ».

Bientôt au catalogue

Deux matériels de pré-série ont fait leur preuve dans le Gers et dans le Maine-et-Loire. La vitesse de travail oscille dans une plage comprise entre 5 et 12 km/h selon les situations. Comin Industrie finalise actuellement la conception et son offre, qui pourrait être déployée sur des largeurs de 5 ou 6 m en version repliables, avec un système de guidage par caméra. Le caractère potentiellement escamotable des bras permettra de s'adapter à différents inter-rangs. Rien n'interdit d'imaginer un usage en plein et sur sol nu, histoire de flatter la polyvalence des bineuses dans le cadre d'un déchaumage très superficiel. Les bineuses Roll'N'Sem seront disponibles pour la saison prochaine. Le constructeur s'est déjà attelé un autre défi, en lien avec ces bineuses, et consistant à faciliter l'assimilation de l'azote sur le rang, autre facteur limitant au semis sous couvert en bio.