La soif de prosecco ne faiblit pas

Cette année encore, le monde a consommé davantage de prosecco que de champagne, soit 440 millions de bouteilles contre 307 millions pour le roi des effervescents. En termes de valeur, les ventes de ce mousseux italien ont même dépassé celles du champagne au Royaume-Uni. Une soif de prosecco qui, selon les pronostics de l’étude Vinexpo/IWSR, ne devrait pas faiblir dans les prochaines années puisqu’elle devrait progresser de 13,6 % entre 2016 et 2020, contre +1 % pour le champagne.

Depuis la fin des années 2000, la notoriété du prosecco ne fait que grandir, portée par le développement de cocktails dont il est l'ingrédient phare, comme le célèbre Spritz. Un effervescent à un prix abordable qui n'a pas tardé à trouver sa place dans un contexte de crise économique et d'effet Brexit au Royaume-Uni. Plus sucré, facile à boire, en phase avec les nouvelles habitudes de consommation, il a réussi à conquérir le créneau des apéritifs et des soirées festives qui, par leur fréquence répétée, nécessitaient des prix plus doux. A cela, s'est ajouté l'effet de packagings novateurs et de stratégies marketing bien ciblées qui n'ont pas tardé à séduire un public jeune avide de bulles à prix doux. Car en termes de prix du raisin et de coût de vinification, champagne et prosecco ne concourent pas dans la même catégorie : d'un côté un produit qui nécessite une prise de mousse en bouteilles et un élevage d'au moins 15 mois, de l'autre une seconde fermentation rapide en cuve close, sous pression (méthode appelée Charmat).

Mais le développement du prosecco est aussi lié à la volonté de la filière vin italienne d'étendre la zone de production de ce mousseux produit au cœur de la région de la Vénétie et du Frioul.

Le bilan extrêmement positif du prosecco au cours de la dernière décennie ne rend pas moins pertinentes, et cruciales, les questions sur son avenir. Certains professionnels italiens craignent aujourd'hui un « effet beaujolais nouveau » qui pourrait nuire à l'image qualitative des autres vins italiens. Ces derniers militent donc pour ne plus élargir la zone de production et veulent privilégier la montée en gamme des produits. En 2017, si le développement des ventes des effervescents étrangers a impacté en volume la commercialisation du champagne sur le marché français et plus largement européen, la progression des ventes vers les pays tiers a toutefois permis au champagne de franchir un nouveau record avec un chiffre d'affaires global de 4,9 milliards d'euros soit 307 millions de bouteilles vendues dans le monde. Certaines maisons sont pourtant bien conscientes de la nécessité d'être présentes sur ce marché de l'effervescent d'entrée de gamme et développent aujourd'hui une activité «sparkling » grâce à un approvisionnement le plus souvent issu de vignes plantées aux USA, en Amérique du Sud ou même en Angleterre...

Cet article est extrait de la revue Prisme, l'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire (mars 2018)

Lire tout le dossier : PRISME n° 20 – mars 2018 - L'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire