Glyphosate : les agriculteurs manifestent sur les Champs-Élysées

Environ 250 agriculteurs, venus manifester contre la concurrence jugée injuste de produits étrangers, bloquaient vendredi l'accès à l'avenue parisienne des Champs-Elysées.

Environ 200 agriculteurs ont bloqué vendredi les Champs-Elysées pour dire leur inquiétude de voir le gouvernement interdire l'usage de produits phytosanitaires, comme le désherbant glyphosate, qu'ils jugent indispensables pour conserver "l'excellence agricole française". Sous les bannières "Macron tue", la manifestation, organisée par plusieurs fédérations départementales du premier syndicat agricole, la FNSEA, et l'organisation des Jeunes agriculteurs, a bloqué partiellement la circulation à 7H00. "Soja argentin: OGM", était-il écrit sur un conteneur placé à l'entrée de l'avenue, jonchée de paille. 

Les manifestants protestaient contre la possibilité d'importer des produits agricoles traités avec des herbicides comme le glyphosate, craignant une décision gouvernementale interdisant unilatéralement de tels produits en France. "Il faudrait soutenir l'agriculture française sinon elle va disparaître et on aura recours massivement à des importations de produits alimentaires qui sont cultivés dans des conditions phytosanitaires bien plus déplorables que les nôtres", a déclaré Damien Greffin, président de la FDSEA d'Ile-de-France. "M. Macron veut être le M. Propre du monde mais il est le fossoyeur de l'agriculture", a affirmé Frédéric Arnoult, président des Jeunes agriculteurs d'Ile-de-France. 

Le blocage a été levé en milieu de matinée après qu'une délégation a été reçue environ une heure à l'Elysée par la conseillère agricole Audrey Bourrolleau. "On a acté nos désaccords. On a surtout bien compris qu'au sein de ce gouvernement tout le monde n'était pas sur la même ligne", a déclaré Damien Greffin à l'issue de la rencontre. Mme Bourolleau leur a affirmé que la sortie "progressive" du glyphosate en France se ferait "avec méthode et dialogue", dans le cadre notamment des états généraux de l'alimentation. Mais elle a réaffirmé que "l'engagement de campagne" pris par Emmanuel Macron de voter contre la proposition de la Commission Européenne de renouvellement de la licence du glyphosate "sera tenu", selon l'Elysée.

En juillet, la Commission européenne a proposé le renouvellement pour dix ans de la licence du glyphosate qui expire fin 2017. Le vote sur l'autorisation de cet herbicide, le plus répandu en Europe, pourrait avoir lieu le 5 ou 6 octobre au sein d'un comité d'experts. La France a annoncé qu'elle voterait contre la proposition de la Commission. Elle a une position-clé car une majorité qualifiée est requise.

Le ministre de la Transition énergétique, Nicolas Hulot, honni de certains des manifestants, a rencontré des agriculteurs, mettant en avant l'importance de la tenue des états généraux de l'alimentation pour régler le problème des produits phytosanitaires. "J'entends les doléances des consommateurs qui voudraient aussi qu'on ait ensemble une perspective (...) Mon idée, c'est de rassembler l'ensemble des acteurs car il y a quelques responsabilités qu'on pourrait mieux partager", a-t-il déclaré aux agriculteurs sortants de l'Elysée. 

"J'ai besoin, moi, d'être rassuré sur la sécurité alimentaire et sanitaire sur le long terme. Vous connaissez comme moi les phénomènes de bio-accumulation et les effets cocktails", leur a-t-il dit. En levant la manifestation, M. Greffin a dit aux agriculteurs réunis: "Il n'y a pas grand-chose qui a changé, on a juste mis un pied dans la porte".