Intermarché salue les annonces de Macron, avec des bémols (JDD)

Des dirigeants d'Intermarché ont salué des annonces d'Emmanuel Macron sur le rééquilibrage des contrats entre agriculteurs et distributeurs, mais aussi émis des réserves, notamment sur la vente à perte, dans un entretien au Journal du Dimanche.

Mercredi, le président a annoncé qu'il légiférerait par ordonnances sur ce sujet de contentieux entre grandes surfaces et agriculteurs en crise, à condition que chaque filière de production présente d'ici à la fin de l'année sa "stratégie" de réorganisation. La Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui regroupe les grandes enseignes hormis Leclerc et Intermarché, avait alors salué un "cap ambitieux". Leclerc avait également assuré être sur la même ligne que le chef de l'Etat. Intermarché, qui ne s'était pas encore exprimé, juge que "plusieurs mesures vont dans le bon sens, comme la contractualisation avec les producteurs, l'arrêt des promotions extravagantes (...) et le renforcement des interprofessions associées à la mise en place de filières agricoles solides et organisées", a indiqué au JDD un de ses dirigeants, Didier Duhaupand.   "En revanche, il y a un flou sur le périmètre précis du seuil de revente à perte (SRP). Nous souhaitons donc que son relèvement annoncé ne concerne que les produits à dominante agricole", a-t-il ajouté.  

"Nous sommes allés trop loin"

Le seuil de revente à perte est le prix minimum en dessous duquel les distributeurs n'ont pas le droit de vendre. M. Macron s'est dit favorable au relèvement de ce seuil pour les produits alimentaires et "à l'encadrement des promotions", mais a ajouté qu'il n'était pas prêt à signer de "chèque en blanc". "Une hausse généralisée du SRP pourrait entraîner l'augmentation des prix d'une centaine de produits alimentaires et de grandes marques", a prévenu un des autres chefs de file du groupement Intermarché, Thierry Cotillard. Il a expliqué au JDD que "si demain nous y sommes contraints par une loi, il faudrait y ajouter deux conditions : l'obligation de transparence sur les marges" ainsi que "la possibilité de diminuer les prix sur d'autres produits de grande consommation non alimentaires". Concernant la "guerre des prix", terme qu'il a réfuté, M. Duhaupand a reconnu que "sur certains produits, nous sommes allés trop loin". "Nous sommes favorables à un encadrement des promotions avec un plancher de 34 % du prix (...) Mais je suis fermement attaché à la concurrence entre enseignes. Imaginer une loi qui imposerait à tous de vendre au même tarif, nous sommes absolument contre", a-t-il prévenu.