Phytopharmaceutiques : vers la refonte des coopératives et négoces avec la séparation du conseil et de la vente

Vers la refonte du modèle économique des coopératives et négoces avec la séparation du conseil et vente des produits phytopharmaceutiques.

Au lendemain du vote de la loi sur l'alimentation suite aux États généraux en octobre 2018, le gouvernement peaufine les dernières lignes du texte d'ordonnance qui précisera les modalités pratiques de la séparation du conseil et de la vente des produits phytopharmaceutiques. Même s'il est possible que la version finale soit légèrement plus souple que prévu, les impacts sur le modèle économique qui a fait vivre les coopératives et les négoces agricoles durant plusieurs décennies, modifieront le paysage économique et les relations entre les acteurs de la filière.

En effet, on peut se demander si les firmes ne vont pas en profiter pour revoir leur manière de distribuer les produits en cherchant à créer une relation plus directe avec l'utilisateur final, en l'occurrence l'agriculteur. Elles pourraient leur proposer des solutions clés en main à l'appui d'Outils d'Aides à la Décision (OAD), de services, de produits tout en s'engageant sur un objectif de résultats sur les rendements par exemple. Rappelons que certaines firmes sont également présentes sur le marché des semences.

Les centrales d'achats pourraient investir dans la mise en place de plateformes E-Commerce et livrer directement les agriculteurs, les coopératives ou négoces agricoles adhérentes à ces centrales pouvant servir de base de relais. Les centrales assureraient de ce fait la vente des produits, dont les produits phytopharmaceutiques. D'ailleurs, on voit apparaître des projets dans ce sens.

Que va-t-il rester pour les distributeurs ? La tentation est grande pour se positionner finalement sur le conseil qui est aujourd'hui valorisé dans la vente des produits. Cela peut paraître logique au regard des 7 500 conseillers déjà présents dans ces entreprises.

De toutes les manières, passer de la marge sur des produits à la marge sur des prestations de services ne sera pas un exercice facile pour les distributeurs. Tout dépendra du comportement d'achat de l'utilisateur final, à savoir l'agriculteur, qui, de par ces nombreuses réglementations visant à réduire l'utilisation des produits phytopharmaceutiques, sera encore un peu plus responsabilisé dans ses actes de gestion.

Cet article est extrait de la revue PRISME, l'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire. Lire tout le dossier : PRISME n° 23 JANVIER 2019