Un céréalier au palmarès du concours Agreen Startup

« Le Salon de l'agriculture, c'est taper le cul des vaches. Ça, c'est notre histoire. Mais le Salon de l'agriculture, c'est aussi la Ferme digitale et les startups. Et ça, c'est notre avenir ». Le ministre de l'agriculture Didier Guillaume n'y est pas allé par quatre chemins pour baliser les enjeux assignés aux startups en ces temps de marche forcée vers la transition écologique. Il faut dire que la France et l'Europe accusent du retard à l'allumage. « L'Europe pèse à peine 10% de l'AgTech au plan mondial et la France pointe à 2% », déclare Florian Breton, fondateur de Miimosa, l'une des toutes premières startups agricoles françaises. « Mais les choses sont en train de changer. L'année 2019 a concentré à elle seule 70 % des centaines de millions investies dans l'AgTech nationale ces dernières années ». Autre indicateur palpable : la Ferme digitale, qui fête au Salon ses quatre ans d'existence, ne cesse de rallier de nouvelles startups dans son écosystème, au nombre d'une quarantaine aujourd'hui.

Un agriculteur de l'Aisne au palmarès

Aux côtés des investisseurs privés, le secteur peut compter sur le gouvernement, a rappelé le ministre de l'agriculture, citant les moyens dégagés par le Grand plan d'investissement ou encore la Banque publique d'investissement. « Mettre le paquet sur l'innovation, c'est mettre le paquet sur la transition et sur la résilience de l'agriculture », a appuyé Didier Guillaume. « C'est préparer l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants ».

Organisée par les Chambres d'agriculture, l'édition 2020 du concours Agreen Startup a de nouveau donné à voir la vitalité, la pluralité et la diversité des projets et des porteurs de projets. Au palmarès 2020 figure notamment Michel Viet, un agriculteur de l'Aisne. « Le jury a été unanime », a déclaré sa présidente Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat chargée du numérique et de l'innovation sous François Hollande. « Le coup de cœur consiste à récompenser une startup qui ne rentre pas dans les cases mais que l'on veut à tout prix soutenir ».

En l'espèce, LVR2 apporte avec son robot une réponse mécanique à un défi chimique, avec quelques boulons et une informatique de type open source, de telle sorte que la solution soit accessible au plus grand nombre.

Il y a dix jours en arrière, Michel Viet ne connaissait pas l'existence du concours Agreen Startup. Mais son idée lui trotte dans la tête depuis plus de trente ans. « Je n'ai rien inventé puisque dans les années 1980, on évoquait déjà des robots capables de piqueter des mauvaises herbes », explique le céréalier. « L'objectif c'est d'aller dégager des vulpins dans des céréales, tout sauf un fantasme ».

Plan stratégique des Chambres

Le prix devrait donner un coup d'accélérateur à LVR2, un projet sur lequel planche l'agriculteur depuis cinq ans. Une récompense qui ravit Sébastien Windsor, président de l'Assemblée permanente des Chambres d'agriculture (APCA). « L'agriculture est percutée par le changement climatique, les attentes sociétales qui s'accélèrent, le tout sur fond d'une économie peu glorieuse pour les exploitations », déclare-t-il. « On est un certain nombre à penser que la solution passe par l'innovation. Il y a 20 ans, on attendait les solutions des laboratoires. Aujourd'hui, c'est en allant sur les exploitations et au sein des jeunes pousses que l'on fait émerger les solutions. Cette orientation est au cœur du projet stratégique des Chambres d'agriculture. Nous voulons notamment, dans les cinq ans à venir, faire émerger dans chaque département des groupes d'agriculteurs planchant sur des sujets innovants ».

Les lauréats 2020

1^er prix : Gr'N

Créée par une élève ingénieure d'UniLaSalle Beauvais (Oise), Gr'N souhaite mettre en place en France une filière de production de graines de basilic en France, destinée à l'alimentation humaine. Les graines de basilic ont la particularité d'être riches en Omega 3, en vitamines C et B9, ainsi qu'en fibres.

2^ème prix : GreenDoz'

La startup élabore des produits alimentaires à partir de farines de légumes et de légumineuses bio, produites par déshydratation, diminuant les pertes. GreenDoz' invente une nouvelle façon de consommer des légumes, avec des gages de durabilité et de commodité , sans occulter la gourmandise.

3^ème prix : Veragrow

La startup valorise les matières organiques par lombricompstage. Le digestat des lombrics est ensuite condensé et liquéfié pour aboutir à la production d'un biostimulant utilisable sur toutes cultures et participant à la réduction de l'usage des intrants de synthèse.

Prix coup de cœur du jury : LVR2

Agriculteur dans l'Aisne, Michel Viet a créé un robot destiné à désherber mécaniquement les grandes cultures au moyen d'un bras articulé. Avec une mécanique basique et une informatique qui pourrait reposer sur de l'open source, l'agriculteur ambitionne de mettre au point une solution accessible au plus grand nombre.