Les apports de nutriments par voie foliaire sont-ils efficaces sur céréales à paille ?

Un apport foliaire ne peut être envisagé que si la culture est suffisamment développée, le plus souvent à partir du stade « épis 1 cm », en veillant à conserver une dilution minimale dans la bouillie pour éviter le risque de brûlure des plantes, rappelle Alain Bouthier, spécialiste sol et fertilisation chez Arvalis. Ce mode d’application ne convient pas à tous les nutriments.

Perspectives Agricoles : Les apports d'engrais NPK par cette voie ont-ils une utilité ?

Alain Bouthier : L'absorption foliaire maximale est de 10 à 20 kg d'élément par apport ; valeur à mettre en relation avec des besoins en azote, phosphore et potassium pouvant aller jusqu'à plusieurs centaines de kg/ha. Ce mode d'apport est donc très limité pour ces nutriments et ne peut s'envisager qu'en supplément. Toutefois, en ce qui concerne le phosphore et le potassium, un apport au tallage est déjà trop tard. Une éventuelle carence en PK s'exprime avant le stade « 3 feuilles » des céréales à paille.
En ce qui concerne l'azote, un objectif d'apport foliaire pourrait être de pallier une absence de pluie courant montaison et de compenser un apport d'engrais au sol qui n'aurait pas pu être réalisé. Des essais d'Arvalis n'ont pas apporté la preuve de l'efficacité de cette démarche. De même, en considérant le taux de protéines des grains, les essais font état d'une efficacité d'un apport foliaire tout au plus équivalente à celle d'un apport au sol.

P. A. : Qu'en est-il du magnésium et du soufre dont les besoins des plantes sont moindres ?

A. B. : En cas de déficit et en tenant compte des fournitures du sol, les conseils d'apport sont d'environ 20 à 30 kg de MgO/ha/an et de 40 à 50 kg de SO3/ha au maximum. Si un déficit en magnésium a été mesuré par analyse de terre, il sera en priorité traité par un apport au sol. Dans le cas contraire, ou si des symptômes de carence sont constatés en végétation, en général au tallage, une correction par voie foliaire sera efficace. En cas de risque de déficience en soufre, qui peut être apprécié en sortie d'hiver, il est également conseillé d'effectuer un apport de soufre au sol. Un rattrapage foliaire est toutefois possible si une carence est observée en fin de tallage. Pour ces deux nutriments, le rattrapage est efficace s'il intervient rapidement après l'observation des symptômes(1).

P. A. : Est-ce le même fonctionnement avec les oligoéléments ?

A. B. : Les besoins des plantes en oligoéléments se mesurent, pour la plupart, en centaines de grammes par hectare et se limitent au maximum à quelques kilogrammes par hectare. En France métropolitaine, la question des apports sur céréales à paille se pose principalement pour le manganèse et le cuivre. Un apport foliaire est la seule solution possible en cas de carence en manganèse(1). Il faudra alors réaliser deux apports, voire trois dans les situations les plus critiques. Encore une fois, l'application foliaire est efficace si l'intervention a lieu rapidement, dès l'apparition des symptômes. Il est conseillé pour le cuivre de suivre régulièrement l'évolution de sa teneur dans le sol. Les symptômes de carence ne sont visibles qu'en fin de montaison, ce qui est déjà trop tard pour réaliser une correction ; l'apport devant intervenir avant le stade épis « 1 cm ». Il faut donc se fier aux analyses de terre. Un apport foliaire est envisageable, par exemple, en cas de résultat d'analyse de terre connu seulement après l'implantation du blé et indiquant une carence. Cette voie étant plus chère et limitée à l'année, il est préférable d'effectuer un apport au sol une fois tous les cinq à dix ans.

(1) Pour plus de précisions, consulter les fiches accidents Arvalis sur www.fiches.arvalis-infos.fr

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