Des drones en liberté surveillée

L’utilisation d’un drone de 800 g et plus requiert formation et enregistrement. Une obligation peu contraignante en soi, d’autant moins que les drones lourds utilitaires se font rares. La loi alimentation introduit l’expérimentation sous condition de drones pulvérisateurs.

Depuis le 26 décembre 2018, les aéronefs télépilotés (dénomination officielle des drones) de 800 g ou plus doivent être enregistrés par leur propriétaire sur le portail public AlphaTango. Le numéro d'enregistrement délivré après inscription doit être apposé sur le drone de manière lisible. Cette même plateforme AlphaTango est susceptible d'assurer la formation en ligne des télépilotes, autre récente obligation s'imposant aux propriétaires d'un drone de 800 g ou plus. La formation comprend un tutoriel de 15 minutes détaillant la réglementation régissant leur usage, à savoir : interdiction de survoler les personnes, les zones sensibles et protégées, les zones proches des aérodromes, hauteur maximale de vol de 150 m sauf restrictions locales, respect de la vie privée, interdiction du vol hors vue, interdiction des vols nocturnes. S'ensuit un test QCM où il faut répondre à 20 questions sans faute pour décrocher l'attestation. Les mineurs de moins de 14 ans ne peuvent obtenir d'attestation de suivi de formation et ne peuvent piloter que sous la supervision d'un adulte formé ou dans le cadre d'un club d'aéromodélisme.

800 g, en attendant 250 g

L'enregistrement comme la formation restent des formalités ni contraignantes, ni dissuasives. Elles le sont d'autant moins que la plupart des drones de loisir pèsent moins de 800 g. A titre indicatif, l'Anafi, le dernier modèle phare de Parrot lancé l'été dernier ne pèse que 350 g pour une envergure de 244 mm X 67 mm en mode replié. Des mensurations qui n'empêchent par le quadricoptère de voler à 55 km/h pendant 25 minutes et de réaliser des vidéos 24 images/s 100 Mbps et des photos de 21 MP au moyen de sa caméra grand angle pivotant de ± 90° avec stabilisation d'image sur trois axes. A terme, le seuil de 800 g pourrait être abaissé à 250 g, en vertu d'une loi européenne en cours de préparation.

La pulvé à titre expérimental

Ces drones légers, essentiellement voués à la capture d'images, servent de multiples applications agricoles, à la faveur de leur caméra ou capteur multispectral embarqués : surveillance des cultures et des troupeaux, analyse de biomasse, identification de parasites, mesure de l'état hydrique des sols et des cultures, statut azoté etc. Au-delà de ces missions d'observation, les missions dites actives restent rares L'épandage de capsules de trichogrammes destinées à lutter biologiquement contre la pyrale du maïs en fait partie, avec des arguments techniques et économiques, comparativement à la pose manuelle de plaquettes ou au largage par hélicoptère. Votée le 2 octobre dernier, la loi alimentation a introduit, à titre expérimental, la possibilité de traiter par drone les parcelles présentant une pente supérieure ou égale à 30 %. Cette expérimentation, qui fera l'objet d'une évaluation par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, vise à déterminer les bénéfices liés à l'utilisation de drones pour limiter les risques d'accidents du travail et pour l'application de produits autorisés en agriculture biologique ou faisant l'objet d'une certification du plus haut niveau d'exigence environnementale. La pulvérisation par drone est déjà effective en Suisse. La société Agrofly y assure notamment le traitement des vignes au moyen de drones embarquant 16 litres de bouillie, la couverture d'1 ha étant assurée par 5 rotations (pour recharger la cuve et changer les batteries) dans un laps de temps de 40 minutes.