Le rosé, c’est toute l’année (mais aussi en été)

S’il s’en consomme beaucoup en été, le rosé a su s’extraire de la saisonnalité. C’est l’une des clés de son succès, auquel concourent les Millenials. Résultat : sa consommation continue de croître, à rebours de la tendance, toutes couleurs confondues.

Le Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP) a étudié les ressorts de la consommation de rosé, non sans convier à sa table des sociologues pour tenter de décrypter sa perception auprès des consommateurs. Verdict ? Il y a 20 ans, l'image qui collait au rosé était la suivante : le rosé, ce n'est pas du vin. En 2020 ? Ce n'est toujours pas du vin mais c'est beaucoup plus que du vin, du fait des pouvoirs évocateurs qui lui sont associés, ou encore de ses univers et ses instants de consommation, Autrement dit, ce qui était un défaut par le passé est devenu un atout.

Ses pouvoirs évocateurs, quels sont-ils ? La joie de l'instant, le plaisir, l'art de la vivre, la convivialité, le partage, la relaxation, les vacances. Par qui sont-ils incarnés ? Par les Millenials, la première génération connectée depuis sa plus tendre enfance. Certes, les Millenials ne sont pas non plus les plus gros consommateurs de vin. Mais cette génération est plus internationale, et plus intra-générationnelle qu'inter-générationnelle : les comportements de consommation sont plus proches entre un Millenials français et asiatique qu'entre deux consommateurs de la même nationalité mais de génération différente.

Le CIVP émet par ailleurs l'hypothèse que l'avancée en âge des Millenials ne se traduira par automatiquement par un changement de comportement vis-à-vis du vin, un phénomène qui prévalait jusque-là pour les générations précédentes.

Le vin du beau temps, en toute saison

Il se trouve aussi que le rosé est... rose, une couleur très tendance, qui n'est plus inféodée au genre comme par le passé, et qui inonde les réseaux sociaux en jouant sur les codes du design et de l'art de vivre. Le rose n'est plus (seulement) une couleur : le rose est porteur de valeurs.

L'image n'est pas tout. Le vin rosé a aussi évolué. Il est moins foncé, moins rustique, beaucoup plu sophistiqué. Autre tendance relevée par le CIVP  : le rosé n'est plus le vin de l'été mais le vin du beau temps et des bons moments, ce qui élargit notablement ses fenêtres de consommation, en toutes saisons, y compris en hiver. Les rosés de Provence ont depuis vingt ans largement accompagné ces évolutions en élaborant des vins secs, frais, aromatiques et de couleur légère. Ils bénéficient aussi des pouvoirs évocateurs de la Provence, laquelle est très largement associée aux vins rosés puisqu'ils constituent 90% de la production de la région.

Potentiel de croissance

Dans un paysage qui voit la consommation de vin stagner au plan mondial et régresser au plan national, le rosé tire son épingle du jeu. En 2017, il représentait 10,3% de la consommation mondiale du vin contre 8,4% en 2002, équivalant à une croissance de 30%.

Selon les projections du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP), le rosé n'a pas atteint limites et sa part de marché pourrait dans les années à venir dépasser la barre des 15%. Le CIVP fonde ses prévisions sur l'analyse comparative des pays gros consommateurs, au premier rang desquels figure la France, qui représente à elle seule plus du tiers de la consommation mondiale (36%), avec une moyenne de 16 litres par habitant et par an.

En dehors de la Suisse et de la Belgique, autour de 5 litres, tous les autres pays se situent en-deçà de 2 litres, et notamment les autres nations grosses consommatrices de vin que sont les États-Unis (15% de la consommation mondiale) et l'Allemagne (8%). Un réservoir pour la France, premier consommateur mais aussi premier producteur mondial de rosé.