Coquillages et préjugés : Anaïs, portrait d’une reconvertie

Le Comité régional conchyliculture (CRC) a lancé sa campagne de communication ConchyQuoi en mai 2022 sur les réseaux sociaux. Des interviews vidéo mettent en lumière la filière, méconnue et pourtant porteuse d’emplois. Anaïs Bossard, manchoise de 29 ans, est l’une de ses ambassadrices au parcours atypique. Elle casse les clichés.

La campagne de communication ConchyQuoi, lancée par le CRC en mai 2022 sur les réseaux sociaux, cherche à déconstruire les clichés qui entourent la conchyliculture, secteur qui recrute. Mission qu’Anaïs Bossard, 29 ans et salariée conchylicultrice après quatorze ans de vente en boulangerie, remplit point par point.

Ras la baguette ?

En quatorze ans de boulangerie, l’ex-vendeuse a fait le tour : « c’est tout le temps pareil, je connais le métier par cœur et il n’y a pas assez de manutention », commente-t-elle en regrettant le manque d’évolution possible. Depuis sa reconversion en conchyliculture il y a cinq mois (début 2022), elle emploie toujours ses compétences de vendeuse sur les marchés, et projette de le faire sur un point fixe. Anaïs Bossard occupe un poste polyvalent puisqu’elle ne reste pas que derrière les étales : au grès de la météo et vêtue de sa cotte, elle suit la marée, conduit les tracteurs, porte les poches et trie les coquillages au quotidien. Elle « adore aller à la mer » et l’a littéralement dans la peau, sous la forme d’un tatouage d’ancre.

Mer et mère

Si les marées fluctuent, Anaïs Bossard a pourtant trouvé un arrangement qui convient à sa situation : « les horaires de la mer, c’est plus facile que ceux de nuit à l’usine quand tu as des enfants », affirme la Manchoise, mère de deux filles âgées de 6 et 8 ans. Avec ses nouveaux horaires, la jeune femme n’a « plus besoin de nourrice » contrairement à la boulangerie qui commençait plus tôt et qui occupait ses week-ends. Aujourd’hui elle peut « avoir des vacances l’été, car il y a moins de travail avec la chaleur ». Pas de doutes, la reconversion a du bon, la jeune femme a trouvé sa voie avec « tous les avantages possibles ».

 

Conchyliculture
« C’est mon tracteur préféré », confie la jeune conchylicultrice à propos du F115. Équipé d’une remorque, il sert à ramener les coquillages depuis la plage.
© HF

Des clichés qui tiennent au corps

Milieu majoritairement masculin, il y a pourtant de la place pour tout le monde et « beaucoup de respect », comme Anaïs le répète dans son témoignage en ligne. Les préjugés portent surtout sur la dureté de la profession, alors que « on peut le faire, ce n’est pas très dur en soi. Il suffit d’avoir envie de travailler et d’aimer ce que l’on fait », explique la  conchylicultrice. Si la mécanisation aide, qu’en est-il de la température ? Anaïs Bossard relativise : « j’ai fait trois ans de marchés où j’attendais dans le froid alors qu’ici je bouge ». Elle avoue cependant avoir eu les mêmes préjugés les premiers jours : « quand je suis arrivée, il faisait trois degrés. Je suis venue habillée comme si j’allais au marché… qu’est-ce que j’ai eu chaud ! »

Pas de formation, mais de la motivation

« J’ai été très bien accueillie, on m’aide quand j’ai besoin, on m’explique correctement et voilà, je me débrouille », résume celle qui a appris sur le tas. Une formation et des examens seront toutefois nécessaires si « un jour je veux être à mon compte ». Aucun diplôme n’est requis pour être salarié ou saisonnier, mais il ne faut cependant « pas craindre d’avoir froid ou d’être mouillé, il faut être motivé, courageux, avoir envie d’apprendre et être un peu débrouillard », récapitule la jeune conchylicultrice. Anaïs Bossard rassure : «  il ne faut pas avoir peur de venir essayer, c’est un beau métier ».

 

ConchyQuoi ?

La filière conchylicole recrute mais souffre de sa réputation : « avant on disait : si tu ne bosses pas bien tu iras aux huîtres ! On le paye aujourd’hui alors que les conditions de travail ont évolué », déplore Patrice Rodes, membre du Comité régional Conchyliculture (CRC) et responsable du Gaec du Sénéquet à Gouville-sur-Mer.
Afin de redorer le blason de la profession, le CRC a lancé en mai 2022 une campagne de communication en ligne, ConchyQuoi, sur les réseaux sociaux des Huîtres de Normandie, où les différents acteurs de la filière témoignent de leur activité. De la naissance à la dégustation des coquillages, il y en a pour tous les goûts : un large panel de métiers est présenté au travers des vidéos à retrouver sur Tik Tok, Instagram, LinkedIn et Facebook, (@huitresdenormandie) et sur YouTube ici.