Oeufs contaminés: pertes massives pour les éleveurs et détaillants néerlandais

Les éleveurs de volailles et détaillants néerlandais ont estimé lundi à des dizaines de millions d'euros les pertes causées par le scandale des oeufs contaminés par l'insecticide fipronil qui s'est répandu en Europe, alors que deux suspects doivent comparaître devant un juge mardi.

"Les dommages s'établissent aux alentours de 150 millions d'euros pour le moment" pour l'ensemble des éleveurs de volailles néerlandais, a rapporté Mark de Jong, porte-parole de l'association des agriculteurs et maraîchers du sud des Pays-Bas ZLTO. Selon lui, ce nombre pourrait "encore augmenter".

"Pour les chaînes de supermarchés, les pertes ont atteint des dizaines de millions d'euros", a ajouté René Roorda, directeur de la fédération de détaillants CBL, qui compte parmi ses membres les géants de la distribution alimentaire Albert Heijn, Aldi, Lidl et Jumbo. "Nous avons dû retirer des oeufs des rayons de 4.000 supermarchés. Des millions (d'oeufs) ont dû être détruits", a rapporté René Roorda auprès de l'agence de presse nationale ANP. "Nous faisons tout ce que nous pouvons pour restaurer la confiance des consommateurs", a-t-il ajouté.

Suspects devant le juge

Tandis que des oeufs non contaminés étaient de retour dans les rayons de nombreux magasins à travers le pays, des dizaines d'élevages de volailles restaient fermés depuis la révélation au grand public de la contamination d'oeufs par l'insecticide fipronil. Des oeufs contaminés ont été signalés dans 17 pays européens et le scandale a même atteint Hong Kong.

Le syndicat néerlandais des aviculteurs n'avait pas encore estimé le montant total du préjudice, a indiqué sa trésorière Iris Odink-Schrijver à l'AFP. "A ce stade, nous sommes toujours en train de désinfecter nos poulaillers, en espérant enfin nous débarrasser du fipronil", a-t-elle expliqué.

Dans le volet judiciaire du scandale, deux hommes de 31 et 24 ans doivent comparaître mardi pour la première fois devant un juge du tribunal de Zwolle (centre). Selon la presse néerlandaise, il s'agit des propriétaires de Chickfriend, une entreprise néerlandaise démarchée par des agriculteurs pour éradiquer le pou rouge (un parasite) dans leurs poulaillers. "Ils comparaîtront à huis clos devant un juge qui décidera s'ils doivent rester en détention ou pas", a dit à l'AFP Marieke van der Molen, porte-parole du parquet.

« Aucun risque pour la santé »

L'Autriche a rallongé la longue liste des pays européens touchés par le scandale et confirmé lundi avoir trouvé du fipronil dans des oeufs importés d'Allemagne, des Pays-Bas, de Belgique et de Pologne. Sur 80 échantillons, prélevés notamment sur des produits de boulangerie ou encore sur de la mayonnaise, 18 ont révélé des traces de l'insecticide selon l'agence autrichienne pour la santé et la sécurité alimentaire AGES, qui a toutefois précisé que les quantités détectées étaient négligeables et qu'il n'y avait "aucun risque pour la santé". Le fipronil est un insecticide courant utilisé pour les animaux de compagnie contre les poux, les tiques et les acariens. Son utilisation est interdite sur les animaux destinés à la chaîne alimentaire dans l'Union européenne.

L'affaire a provoqué des affrontements entre les trois pays au centre de la crise, la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne, chacun accusant les autres de ne pas avoir agi plus tôt. La Commission européenne a prévu une réunion sur l'affaire du fipronil en septembre. La Belgique était le premier pays à notifier officiellement le système d'alerte de la sécurité alimentaire de l'UE sur la contamination d'oeufs le 20 juillet, suivie par les Pays-Bas et l'Allemagne. L'UE insiste sur le fait qu'il n'y a aucun risque pour la population même si, selon l'Organisation mondiale de la santé, le fipronil peut être dangereux en grandes quantités pour les reins, le foie et la thyroïde.