Après la canicule record, le ministre promet des "aides rapides" aux agriculteurs touchés

Vignes comme brûlées, arbres fruitiers et légumes desséchés, exploitations incendiées : une semaine après les températures record enregistrées dans l'Hérault et le Gard, le ministre de l'Agriculture a promis des aides "rapides" aux agriculteurs, encore en train d’évaluer les dégâts.

Pour faire face à l'urgence et donner un peu d'air aux exploitants, Didier Guillaume, en visite le 5 juillet dans des vignes brûlées des Costières, près de Nîmes, a avancé deux premières pistes : l'exonération du foncier non bâti et le décalage des cotisations sociales. Le ministre, en visite dans le département du Gard où une soixantaine de feux ont brûlé plus de 600 hectares le 28 juin, favorisés par des vents extrêmement chauds et la sécheresse des végétaux, a aussi appelé les agriculteurs à prendre conscience que ce "drame absolu (...) se reproduirait". En conséquence, il veut inciter les exploitants à réformer leur régime assurantiel. L'idée est de le généraliser, protéger l'ensemble des agriculteurs contre ces aléas climatiques, et qu'ainsi "la solidarité puisse jouer", a-t-il ajouté.

Le 28 juin, journée classée rouge pour la canicule dans le Gard, l'Hérault, le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône, les températures avaient atteint un record historique en France, à 45,9°C à Gallargues-le-Montueux (Gard). "On est sur un vignoble de 17 hectares, et j'ai perdu 11 hectares à 80 ou 90%. Les feuilles, le bois sont complètement brûlés, les raisins sont tout secs", a témoigné Julien Chaptal, dont l'exploitation fait au total 97 hectares, et qui estime ses pertes entre 80 000 à 100 000 euros. 

"On ne sait pas où on va"

"Il y a 12 ans, j'ai démarré, j'avais pas un hectare de vigne, pas un tracteur, rien du tout. Certes, j'ai fait mon chemin et on travaille dur pour cela. Maintenant qu'est-ce qu'on va laisser à la génération qui arrive, à mes enfants ? Si mes enfants veulent faire un autre métier je ne les en dissuaderai pas. Parce qu'on ne sait pas où on va", regrette-t-il, appelant notamment à agir sur les causes du réchauffement climatique.

Dans le Gard, les évaluations sont toujours en cours, mais selon les premiers recensements transmis par la chambre d'agriculture, une centaine d'exploitations sont concernées par les conséquences de la canicule de la semaine passée sur plus de 1 000 hectares, en majorité dans la viticulture. Les pertes de récoltes estimées vont jusqu'à 100%.

Selon les premières estimations, dans l'Hérault, c'est un tiers de la surface du département qui a subi une canicule sévère avec des températures supérieures à 41 degrés et plusieurs milliers d'hectares d'exploitations ont été touchés. Si la viticulture est le secteur le plus frappé, des producteurs d'abricots, de pommes ou de melons ont également souffert et deux élevages de volailles héraultais ont été décimés, avec quelque 1 250 animaux morts.

Au-delà des demandes d'indemnisation, certains agriculteurs relèvent que la profession est en première ligne face au réchauffement climatique et appellent à agir sur ses causes. Pour la Confédération paysanne, cet épisode de canicule est "une nouvelle démonstration, s'il en fallait encore, de l'urgence climatique".

Ce que les vignes disent

"La vigne accompagne l'homme depuis plus de 6 000 ans. Si on ne peut plus la cultiver dans le Sud, il faut comprendre que nous ne pourrons plus cultiver autre chose non plus, et la vie de l'homme n'aura plus sa place ici", a témoigné auprès de l'AFP Catherine Bernard, vigneronne à Restinclières (Hérault).

Dans un texte qui a circulé toute la semaine sur les réseaux sociaux, Mme Bernard écrit : "Ce qui s'est produit ce vendredi 29 juin dans les vignes du Midi, est un avertissement, un carton rouge. Ce n'est pas seulement les conséquences d'un phénomène caniculaire isolé doublé d'un vent brûlant, mais la résultante de trois années successives de stress hydrique causé par des chaleurs intenses et de longues périodes de sécheresse qui, année après année, comme nous prenons chaque année des rides, ont affaibli les vignes, touchant ce vendredi 29 juin, celles qui étaient plantées dans ce qui était jusqu'alors considéré comme les meilleurs terroirs"

"Ce que les vignes disent, c'est que notre civilisation elle-même est menacée. Les abeilles l'ont aussi dit... Mais nous ne les avons pas entendues", conclut-elle.