Bataille d'amendements à l'Assemblée sur la "guerre des prix" dans l'agroalimentaire

Les nouvelles règles prévues par le projet de loi sur l'agriculture pour stopper "la guerre des prix" dans l'agroalimentaire ont donné lieu mercredi à une bataille d'amendements, une partie des députés réclamant davantage de garde-fous au bénéfice des agriculteurs.

Pour rééquilibrer les relations entre producteurs, industriels et distributeurs, l'article 1er du projet de loi, objet à lui seul de plus de 300 d'amendements (sur environ 2.300), entend renforcer la place des agriculteurs dans la négociation du prix de leurs produits. Il vise entre autres à ce que les coûts de production des producteurs deviennent la base de la construction du prix, avec des indicateurs de prix qui "seront fixés à partir des coûts de production, dans un bassin de production, par l'ensemble des acteurs de la filière, de l'amont à l'aval", selon les termes du ministre Stéphane Travert. Des députés de divers bords, dont de nombreux élus LR, sont montés au créneau pour tenter de "muscler" un texte trop "flou", plaidant notamment pour "des indicateurs de prix incontestables" et "fiables".   

"Pas une loi pour rien"

Plusieurs ont ainsi réclamé en vain que les indicateurs soient fixés en fonction des indications de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM). "Nous ne voulons pas une loi pour rien", a notamment plaidé Damien Abad (LR) estimant qu'un indicateur public aurait l'avantage d'être "clair pour l'ensemble des maillons de la chaîne", tandis que Philippe Gosselin (LR) a souhaité sur ce  "réacteur nucléaire" du texte qu'il n'y ait "pas de loup" pour "dévorer" les agriculteurs. Mais le ministre a affirmé que confier les indicateurs au seul Observatoire irait à l'encontre de l'idée de "responsabiliser les filières". Il a plaidé que l'Observatoire pourrait être saisi "pour avis".  

Coquins

Malgré son avis défavorable, des amendements, portés notamment par le LREM Grégory Besson-Moreau et des LR, ont été adoptés pour prévoir qu'"à défaut d'indicateurs" fournis par les interprofessions, l'OFPM et FranceAgriMer devront en proposer. Le MoDem Richard Ramos y a apporté son appui, car "les coquins de la grande distribution" travaillent déjà à "imposer des prix à nos producteurs".