D. Guillaume : « on ne peut pas regarder l’eau tomber pendant 6 mois et la chercher les 6 autres mois de l’année »

Invité sur France 2 ce lundi, le ministre de l’Agriculture a plaidé pour la construction de retenues d’eau. Il a exclu l’instauration d’un impôt sécheresse, lui préférant d’autres formes de solidarité. Le transport des animaux sera interdit à compter de demain mardi 23 juillet de 13 h à 18 h dans les départements en alerte canicule.

Interrogé sur la sécheresse qui sévit actuellement en France et à la veille d'un nouvel épisode caniculaire, le ministre de l'Agriculture a réitéré les mesures annoncées au cours du week-end, à commencer par le déblocage anticipé des aides européennes dans le secteur de l'élevage, équivalent à 1 milliard d'euros. « Ce qui se passe est gravissime, cette sécheresse est très très forte et ça met à mal l'alimentation pour les français car la production va ralentir », a déclaré le ministre. Celui-ci a exclu l'instauration d'un impôt sécheresse tel qu'il avait été adopté en 1976. « Le gouvernement fait baisser les taxes et les impôts, ce n'est pas pour en rajouter. Mais il y a aura la solidarité du gouvernement avec les calamités agricoles. L'année dernières c'est près de 200 millions d'euros qui ont été apportés aux agriculteurs, ça sera encore le cas cette année ». Le ministre mise aussi sur la solidarité du monde paysan s'agissant des achats et ventes de fourrages, « en faisant en sorte qu'il n'y ait pas de spéculation ». Concernant l'épisode caniculaire et ses impacts sur le transport des animaux, Didier Guillaume a annoncé pour mardi 23 juillet la prise d'un arrêté interdisant le transport de tous les animaux entre 13 h et 18 h dans les départements placés en vigilance orange par Météo France.

Sans retenue sur les retenues

Outre les mesures conjoncturelles, le ministre s'est également exprimé sur les mesures structurelles telles que les retenues d'eau. « J'ai obtenu lors des dernières assises de l'eau le fait que nous puissions à nouveau construire des retenues d'eau », a-t-il déclaré. « On ne peut regarder l'eau tomber pendant six mois et la chercher les six autres mois de l'année, donc les six mois où l'hiver l'eau tombe, il faut la collecter, il faut la stocker pour pouvoir après faire de l'irrigation. On reproche aux agriculteurs de dépenser beaucoup d'eau, c'est faux, l'agriculture française utilise 30% de moins d'eau qu'il y a 10 ans mais on a besoin d'irriguer, aujourd'hui, on pourrait irriguer les prairies, les champs, les animaux pourraient brouter ».

Ceta : « nous n'importons pas l'agriculture que nous ne voulons pas »

Le ministre de l'Agriculture est par ailleurs revenu sur les deux accords de libre-échange qui agitent actuellement la profession. Concernant le Mercosur, Didier Guillaume a rappelé que les décisions ne seraient pas prises avant deux ans et que le président de la République s'était engagé à mettre en place une commission indépendante pour en examiner tous les ressorts. Le ministre a en profiter pour affirmer qu'une telle commission n'avait rien trouvé à redire sur le Ceta, dont la ratification sera soumise au Parlement cette semaine. « Pour l'import de viande bovine, ça concerne 23 fermes au Canada, a déclaré Didier Guillaume. « il n'y a aucune possibilité d'importer des animaux traités aux hormones, d'importer des animaux qui auront mangé des farines animales, c'est dans le texte. Aujourd'hui, avec le Ceta, nous sommes assurés que nous n'importons pas l'agriculture que nous ne voulons pas » a-t-il conclu.