Des rations animales de moins en moins dépendantes au soja

Si l'indépendance protéique de la France n'est pas pour demain, de gros progrès ont été faits en matière d'alimentation animale, font savoir les fabricants d'aliments du bétail.

« Le soja, on en a besoin pour nourrir nos animaux », soulignait Emmanuel Macron le 26 août sur France 2. Il justifiait ainsi les quelques 3,5 millions de tonnes de soja importées chaque année par la France et provenant aux deux tiers du Brésil, tout en appelant de ses vœux la « souveraineté protéinique » de l'Europe. « On en a besoin, oui, mais de moins en moins », répondent les fabricants d'aliments du bétail.

Le 28 août en conférence de presse à Paris, le Syndicat national de l'industrie de la nutrition animale (Snia) a fait état des efforts de la filière pour répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux. « En 15 ans, l'utilisation de soja en alimentation animale a été grosso-modo divisée par deux, au profit du colza et du tournesol », a fait savoir Jean-Michel Boussit, directeur du pôle animal d'Axéréal et vice-président du Snia. « Il y a 15 ans, il était inimaginable d'avoir plus de 15% de colza dans les rations, a-t-il poursuivi. Aujourd'hui, on dépasse parfois les 50% ». La recherche et l'amélioration des processus de fabrication ont permis cette transition. Mais se passer totalement du soja n'est pas pour demain, les qualités nutritionnelles de ses protéines restant indispensables dans certaines rations.

Montée en gamme

A défaut de s'en passer, la filière est engagée dans une stratégie d'approvisionnement durable. De fait, 44 entreprises de nutrition animale, qui représentent 63% de la production française d'aliments composés, sont engagées dans la démarche Duralim, qui vise un objectif de « zéro déforestation » d'ici à 2025 et de « zéro conversion d'espaces naturels » à horizon 2030.

Le Snia a aussi indiqué être engagé dans le développement de la production locale, en soutenant la démarche « Soja de France » et en participant aux travaux du Plan protéines du ministère de l'Agriculture. Pour la septième année consécutive, les surfaces françaises de soja sont ainsi en progression. Reste que le soja français est plus cher que le soja brésilien. « Le consommateur est-il prêt à payer pour la montée en gamme des produits ? » a interrogé Jean-Michel Boussit. Au vu de la hausse des ventes de viandes labellisées (AOC, AB, Label Rouge, sans OGM...), on serait tenté de dire qu'une (petite) partie de la population l'est déjà.