Eau : la profession dénonce des annonces au compte-gouttes

La FNSEA, les Irrigants de France, Coop de France, l’APCA et les JA s’exaspèrent de l’attentisme du gouvernement en matière de politique de l’eau. Les organisations sont suspendues aux Assises de l’eau, à l’échéance flottante...

« La cellule d'expertise, chargée par les ministres Nicolas Hulot et Stéphane Travert en août 2017 d'examiner les projets de territoire en cours, de proposer des pistes d'accélération de leur réalisation, n'a toujours pas rendu son rapport, et aucune mesure n'a été prise pour mener une politique active et ambitieuse du stockage de l'eau ». Dans un communiqué commun publié le 9 août, cinq organisations agricoles (FNSEA, Irrigants de France, Coop de France, APCA et JA) invitent le gouvernement à dévoiler au plus vite ses intentions en matière de politique de l'eau. L'épisode de sécheresse, qui va altérer la production fourragère (herbe, maïs) ainsi que les rendements des cultures de printemps, sonne comme la goutte qui fait déborder le vase, à défaut des retenues collinaires. Car ces organisations attendent précisément des engagements en matière d'infrastructures de stockage, la meilleure façon selon elles de capter les surplus hivernaux et printaniers pour compenser les déficits estivaux.

Vœu de sobriété

Si la cellule d'expertise interministérielle n'a pas encore délivré ses conclusions, la mission parlementaire d'information sur la ressource en eau, créée elle aussi à l'automne 2017, a en revanche remis son rapport en juin dernier. Si le rapport pointe la nécessité d'améliorer les ouvrages de stockage existants et d'en créer de nouveaux, il justifie cette recommandation par l'impérative nécessité de soutenir l'étiage des cours d'eau, pour des motifs de santé aquatique et publique, en espérant convaincre au passage nos concitoyens que les retenues d'eau ne servent pas l'intérêt des seuls irrigants, lesquels font par ailleurs vœu de sobriété. « L'agriculture a déjà adapté ses pratiques et itinéraires culturaux au changement climatique, mais l'accélération et l'amplitude de celui-ci rend urgente la nécessité de donner les moyens à l'agriculture de s'adapter », soulignent les organisations agricoles précitées. « Si l'innovation permettra de continuer d'améliorer l'efficience de l'eau, son stockage est une des réponses d'avenir indispensable et au service de l'ensemble de la société ».

Assises flottantes

A l'occasion de la clôture du 100ème Congrès de l'Association des maires de France, le 23 novembre 2017, le président de la République avait confirmé l'organisation d'Assises nationales de la gestion de l'eau pour 2018. Et depuis, le gouvernement s'abrite derrière ce rendez-vous aux échéances flottantes. Des annonces initialement prévues la mi-juillet et concernant le premier des deux volets des assisses, à savoir l'amélioration des services publics d'eau et d'assainissement, ont été remises à « fin août début septembre ». Le second volet abordera la question du changement climatique mais le calendrier est on ne peut plus flou et l'information filtre au compte-gouttes. « Si le ministre Stéphane Travert a annoncé lundi dernier que le grand plan d'investissement français, prévoyant 5 milliards d'euros pour l'agriculture, servirait à financer « de l'irrigation », la profession reste à ce jour sans aucune visibilité sur les moyens financiers qui y seront réellement affectés », déplorent les organisations.