Formation agricole : e-learning et webinaires sous le feu des projecteurs

La formation par vidéo se développe rapidement au sein du secteur agricole, et la période de confinement a encore accru cette accélération. Sans avoir vocation à remplacer les visites de terrain, l’absence de déplacement et la flexibilité horaire des vidéos sont des avantages indéniables pour les exploitants agricoles.

Le confinement historique qu'a vécu l'hexagone lors de ces derniers mois laissera certainement des traces dans les habitudes quotidiennes des français. Pour le secteur agricole, cela pourrait bien concerner la formation. Le e-learning et les webinaires, formats vidéos permettant de suivre une présentation à distance, étaient déjà en plein développement depuis quelques mois. L'impossibilité de se déplacer en pleine période de tours de plaines et autres retours d'expérimentations n'a fait qu'encourager ce format d'échange et d'apprentissage. Coopératives, chambres d'agricultures, négoces et instituts techniques ont multiplié les visites de parcelles virtuelles.

Les meilleurs experts à portée de clic

« En ce moment, il y a des dizaines de champs virtuels accessibles en vidéo. À partir de là, je me dis que tout est possible », s'enthousiasme François Marchand, agriculteur en Lorraine. À titre personnel, il a découvert les webinaires avant le confinement. Pour lui, l'intérêt de cette technologie est de pouvoir échanger en direct avec les intervenants. « Imaginez demain, un constructeur fait une démonstration à l'autre bout de la France. Avec le système webinaire, on pourrait y assister de chez soi tout en posant des questions », souligne l'exploitant agricole.

Si aujourd'hui ce principe de formation par vidéo semble évident, il n'en a pas toujours été ainsi. La première étape à franchir consiste souvent à mobiliser les ressources en interne. « C'était un projet que nous avions en soute depuis quelques années. Le confinement nous a mis au pied du mur et nous avons pris le temps de le mettre en œuvre », se souvient Pauline Woehrlé, consultante chez Eilyps, organisme de conseil en élevage.

Pour d'autres structures, le télétravail a été l'occasion de renforcer les prestations vidéos déjà proposées. C'est notamment le cas de Terre-Inovia qui avait au catalogue plusieurs webinaires, notamment « Colza Live », une formation en sept sessions. « De par les visioconférences, le confinement a permis de démocratiser l'utilisation de la vidéo en interne. Il y a eu une vraie appropriation de ces outils », analyse Frederic Fine, directeur valorisation au sein de l'institut technique.

Jouer la complémentarité avec la formation terrain

Si ces contenus digitaux prennent de l'ampleur, ils n'ont pas vocation pour autant à remplacer le présentiel physique. « Le webinaire vient en complément des tours de plaine collectifs et des plateformes de démonstrations. Il a pour objectif de pousser les clients qui veulent aller plus loin sur l'agriculture de conservation des sols (ACS) », explique Cedric Bellec, technicien en charge de l'ACS chez Soufflet agriculture. Le négoce est partenaire d'un webinaire réalisé par Icosystème, une des entreprises de formation pionnière en terme de contenu vidéo, et le propose à ses clients.

Le e-learning sans interaction live a souvent pour but d'enseigner les pré-requis avant l'arrivée du formateur. « Nous nous sommes aperçus que durant nos formations, il fallait consacrer 80% de la durée aux basiques de l'ACS. Il ne restait que très peu de temps pour étudier concrètement la situation locale et les gens repartaient frustrés. Aujourd'hui, le e-learning permet aux agriculteurs d'aborder les pré-requis avant notre arrivée », décrit Matthieu Archambeaud, l'un des fondateurs d'Icosystème.

La vidéo oblige aussi les formats de formation à évoluer. « On ne peut plus faire une journée complète, après deux heures derrière un écran on perd les participants », affirme Frédéric Fine. Les modules proposés durent généralement entre 15 et 90 minutes. « Le gros avantage par rapport à une journée de formation complète, c'est qu'on retient mieux ce que l'on écoute et on peut le visionner plusieurs fois », évoque François Marchand.

Des outils accessibles

Pour le directeur valorisation chez Terre Inovia, la prise en main des outils de diffusion vidéo n'est pas plus compliquée que la découverte d'un nouveau logiciel de bureautique. « En plus du spécialiste qui intervient sur un sujet précis, il n'y a besoin que d'un animateur pour gérer le direct sur Skype et faire remonter les réactions. Quand il y a beaucoup de participants, les questions ne sont possibles qu'à l'écrit grâce au tchat et pas à l'oral sinon cela devient vite inaudible », précise Frédéric Fine.

Si la diffusion vidéo live peut s'avérer relativement simple, certaines prestations mettent un point d'honneur à proposer une qualité vidéo parfaite. C'est notamment le cas d'Icosystème. « Nous avons déjà formé 2000 stagiaires par nos modules vidéos en e-learning. Les webinaires sont arrivés dans un second temps pour introduire la notion d'échange avec le spécialiste qui intervenait », déclare Matthieu Archambeaud. Pour chaque session webinaire, un mini-studio vidéo est monté et le contenu est diffusé via Livestream, un service Viméo. Une personne uniquement dédiée à la technique est alors nécessaire.