« Gilets jaunes » : déjà plusieurs milliards d’euros de pertes selon l’Ania

Le préjudice pourrait atteindre 13,5 milliards d’euros selon l’Association nationale des industries alimentaires. Qui demande aux pouvoirs publics de faire cesser les blocages routiers et portuaires, lesquels menacent avant tout les PME disséminées dans les territoires.

Manifestants, victimes, interpelés, jugés, véhicules incendiés et monuments dégradés : les chiffres concernant le mouvement des « gilets jaunes » avaient jusqu'à présent éludé son impact économique. Ce lundi 3 décembre, après trois semaines de blocages, l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA) a fait ses comptes : « plusieurs milliards d'euros sont d'ores et déjà̀ définitivement détruits », indique-t-elle dans un communiqué. Le préjudice pourrait s'élever à 13,5 milliards d'euros, les fêtes de fin d'années concentrant 20 % du chiffre d'affaires des entreprises du secteur. Chômage technique, commandes annulées, frais de re-livraison, saturation des entrepôts, pertes de produits frais, accès aux ports et à l'export entravés : les répercussions du mouvement sont multiples, affectant aussi bien l'approvisionnement en matières premières agricoles des usines que l'approvisionnement des centrales et magasins.

Force majeure

Faisant écho à la genèse de la contestation, l'Ania rappelle que 80 % des produits alimentaires sont fabriqués dans les territoires. « Notre secteur est en péril, certaines entreprises ne sont plus en capacité de produire et de livrer », déclare Richard Girardot, président de l'ANIA. « Les conséquences sur le chiffre d'affaires et l'emploi sont irréversibles. Nous demandons aux pouvoirs publics que ces blocages cessent au plus vite et soient de toute urgence qualifiés de force majeure pour limiter l'impact des pénalités logistiques de la part de nos clients distributeurs. Ceci est primordial pour les entreprises, alors que les négociations commerciales qui s'ouvrent s'annoncent particulièrement tendues pour les entreprises, malgré la loi EGALim et la publication des ordonnances que nous attendons pour recréer de la valeur dans nos filières ». Avec un chiffre d'affaires de 180 milliards d'euros, l'agroalimentaire est le premier secteur industriel national, pesant 20% de l'ensemble, et le premier employeur avec 430 000 salariés.