L'objectif de 15% de surfaces en agriculture bio en 2022 "hors d'atteinte" d'après le Sénat

L'objectif de 15% de surfaces bio en 2022 est "hors d'atteinte", selon un rapport du Sénat qui épingle l'action menée par l'Etat pour soutenir le développement de l'agriculture bio ainsi que les soutiens financiers jugés insuffisants.

"Malgré leur expansion, les surfaces entrées en conversion ces dernières années suivent un volume d'accroissement qui est incompatible avec l'atteinte de l'objectif fixé par le programme +Ambition Bio 2022+ de 15% de surface agricole utile certifiées en bio", estime la commission des finances du Sénat dans un rapport présenté mercredi. Une des raisons principales invoquées par la commission: les moyens de la politique de développement de l'agriculture biologique sont "saupoudrés dans des budgets épars" et manquent de lisibilité. Des financeurs "éparpillés", qui vont des fonds européens au budget du ministère de l'agriculture en passant par les agences de l'eau, suivent "des logiques d'intervention différentes" alors qu'elles devraient être "théoriquement unifiées", assure le rapport.

Le Sénat souligne également les "défaillances" du pilotage de ces politiques, menées principalement par l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO), l'Agence Bio et l'Institut technique de l'agriculture biologique (Itab), ainsi que les "déficits récurrents des moyens disponibles pour accomplir les missions". En ce qui concerne l'Agence Bio, "ses missions sont composites et souvent contradictoires", selon le rapport. L'Agence consacre "une partie considérable des moyens publics qui lui sont attribués à assurer la +promotion+ de l'agriculture biologique aux dépens de missions d'intérêt public majeur", estime ainsi la commission des finances du Sénat.

Le rapport assure également que "le modèle économique sur lequel a reposé le décollage de l'agriculture biologique pose des problèmes" car le "consentement des consommateurs à acquitter des sur-prix est la condition principale de l'équilibre économique du développement du bio". Certes, cela a permis de "réduire les coûts publics de soutien au bio", mais le rapport recommande aujourd'hui à l'Etat de "renoncer à sa posture de passager clandestin du bio".