Le flux des matières premières peu impacté par le coronavirus

Malgré la crise mondiale liée à l’épidémie de coronavirus, les échanges internationaux de grains sont restés très dynamiques, notamment vers la Chine. Les exportations françaises de blé ont même été revues à la hausse.

"En Chine, le flux de matières premières n'a pas faibli pour les deux premiers mois de 2020, indique-t-on chez FranceAgriMer. Les données des douanes publiées le 7 mars montrent une hausse des importations de pétrole brut de 5,2% par rapport à la même période l'an dernier, de 1,5% pour le minerai de fer, 7,2% pour le cuivre et 2,8% pour le gaz naturel. Les importations de produits agricoles en provenance du Brésil, des Etats-Unis pour le soja, de l'Ukraine pour le maïs ou encore de l'Union européenne pour le blé sont très peu ou pas perturbés".

En France, la dynamique des exportations reste très bonne, avec notamment une forte présence en Chine : visiblement, le rythme des chargements ne semble pas impacté par le Covid-19. FranceAgriMer a même révisé à la hausse sa prévision d'exports de blé vers les pays tiers à 12,7 millions de tonnes (Mt), soit 100 000 tonnes de plus que les estimations du mois dernier malgré la crise mondiale. Si cet objectif est atteint, la France aura exporté 31% de blé de plus que l'an passé.

Il est difficile cependant de savoir comment va évoluer la situation au cours des prochaines semaines. "S'il est d'ores et déjà acquis que les conséquences sur l'économie mondiale seront inédites, il est bien plus difficile d'en mesurer l'impact sur la demande en produits agricoles", convient le cabinet Agritel.

L'effondrement des cours du pétrole, qui a plongé de 30% en une semaine, a ainsi des effets en cascade sur les marchés financiers et sur l'économie des pays producteurs. C'est le cas de l'Algérie, très dépendant des revenus du pétrole et gros importateur de blé français. Le pays, qui assure de surcroît la présidence de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) cette année, indique qu'une "décision rapide d'équilibrer le marché" était nécessaire, fait savoir FranceAgriMer.

Ce krach pétrolier a aussi engendré une hausse de l'euro face au dollar et une dépréciation du rouble russe, qui a perdu 18% de sa valeur depuis deux mois face au dollar. Une situation qui améliore considérablement la compétitivité du blé russe à l'export, au détriment des blés européens. Dans son rapport mensuel publié le 10 mars, le département américain à l'Agriculture (USDA) remontait d'un million de tonnes l'objectif d'export russe à 35 millions de tonnes, contre 25 réalisées pour le moment. "Cela semble particulièrement ambitieux surtout dans un contexte où la demande pourrait se replier avec le coronavirus ou se reporter sur la nouvelle campagne", note Agritel. Les exportations ukrainiennes de blé sont elles prévues à 20,5 Mt pour une production de 29 Mt.

Pour la nouvelle campagne, si la situation des cultures est bonne du côté de la Mer Noire, elle est en revanche à surveiller en Europe de l'Ouest. En France et au Royaume-Uni, les conditions de culture se dégradent en raison du surplus de précipitations. Plus au Sud, c'est au contraire le déficit de pluviométrie qui pourrait impacter les productions.

Dans son bulletin hebdomadaire de suivi de l'état des cultures, publié ce vendredi 13 mars, FranceAgriMer dégrade encore une fois la note des blés tendres et des orges d'hiver en France. Seuls 63% des blés tendres sont notés « bons à très bons », contre 64% la semaine dernière et 85% en 2019. Ce sont aussi 63% des orges d'hiver qui sont notés « bons à très bons », une perte de deux points par rapport à la semaine dernière, contre 81% en 2019. Le blé dur reste stable à 67% de « bons à très bons », contre 80% l'an passé. Enfin les semis printemps évoluent péniblement : seuls 34% des orges de printemps sont semés contre 33% la semaine dernière et 96% en 2019. Selon Agritel, « la chute de production de l'Europe de l'Ouest pourrait s'avérer supérieure aux at­tentes, ce qui, tôt ou tard, apportera un peu de soutien au marché ».