Suicide des agriculteurs : un groupe de travail créé au Sénat

Le Sénat a repoussé le 12 décembre l'examen d'une proposition de loi visant à prévenir le suicide des agriculteurs, jugeant nécessaire d'approfondir la question avec la mise en place d'un groupe de travail.

Cette proposition de loi proposait d'obliger les établissements bancaires à repérer les difficultés financières de leurs clients, chefs d'exploitation agricole ou salariés agricoles, et à les orienter vers un accompagnement social et psychologique.

La chambre des territoires a renvoyé le 12 décembre en commission le texte proposé par le sénateur de l'Hérault Henri Cabanel (RDSE à majorité radicale), sans l'examiner. « Ce n'est pas une loi qui permettra de résoudre une fois pour toutes » la question du suicide des agriculteurs, a estimé la rapporteure Françoise Férat (centriste). « Si les difficultés financières peuvent représenter un facteur de détresse pouvant ultimement conduire un agriculteur à mettre fin à ses jours, elles s'inscrivent dans un ensemble plus large de différentes causes à l'origine des suicides », indique-t-elle dans un rapport fait au nom de la commission des affaires économiques du Sénat.

« Le suicide est un phénomène complexe et multifactoriel qu'il est impossible, voire contre-productif, de rapporter à une cause unique », poursuit le rapport. « Faire du solde bancaire l'indicateur unique des difficultés auxquelles fait face un agriculteur et en rendant responsable le conseiller bancaire du déclenchement de l'alerte présente deux écueils principaux : d'une part il ne traite que très partiellement la problématique du suicide des agriculteurs et d'autre part son application semble techniquement impossible », y est-il écrit.

La commission des Affaires économiques a ainsi décidé de créer un groupe de travail de douze membres, relatif « aux moyens mis en oeuvre par l'État en matière de prévention, d'identification et d'accompagnement des agriculteurs en situation de détresse ». Ces travaux devraient déboucher sur un rapport préconisant des solutions pour améliorer ce que l'État propose en matière de prévention du suicide des agriculteurs.

Pour le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, « c'est une nécessité d'améliorer cette prévention ». Les statistiques les plus récentes de la MSA font état de 605 décès par suicide d'assurés du régime agricole (233 salariés et 372 exploitants) en 2015. « C'est plus d'un exploitant par jour qui se donne la mort, ce chiffre est terrible », a relevé Didier Guillaume. Un autre indicateur est également alarmant : environ 300 appels par mois au dispositif d'écoute pour les agriculteurs en situation de détresse Agri'Ecoute.