Un vrai potentiel d’export au Maroc

La consul du Royaume du Maroc a rencontré samedi élus et acteurs économiques cantaliens, dont les exportateurs de broutards. Objectif : intensifier les échanges et partenariats

Deux mille bovins exportés cette année au Maroc  (2 669 têtes en 2018(1)) : "C'est ridicule, on pourrait facilement multiplier par dix ce chiffre !" pour engager une dynamique à hauteur de celle des flux avec le voisin algérien (14  055 bovins exportés en 2018, le double de 2017(1)). De l'avis des exportateurs cantaliens (privés comme coopératives(2)) présents ce samedi après-midi au Conseil départemental pour rencontrer le consul du Maroc Meryem Ennaji, le potentiel commercial vers ce "pays ami historique de la France" est réel mais les exportations tricolores restent freinées par plusieurs obstacles évoqués lors de cette réunion à laquelle étaient également associés les représentants de la CCI et des entreprises cantaliennes déjà positionnées sur ce marché ou en prospection.

Lever les freins sanitaires et douaniers

Au premier rang de ces entraves : des certificats sanitaires visiblement plus exigeants pour les broutards français que pour leurs homologues issus de la concurrence qu'elle soit extra ou intra-européenne. Pour preuve : il s'exporte beaucoup plus de têtes depuis le Portugal, peu réputé pour sa production bovine. Des animaux dont beaucoup sont originaires de l'Hexagone et qui n'ont souvent fait qu'un transit sur la péninsule ibérique. La quarantaine exigée en France en centres d'allotement - et non sur les élevages - est jugée particulièrement problématique d'autant que, souligne Pierre Charrade, "dès qu'un animal ressort positif, c'est toute la quarantaine qui est refusée". "On est présent là-bas (NDLR : au Maroc), mais c'est très très compliqué, et au-delà du sanitaire, le frein qu'on constate le plus, c'est celui des droits de douane, relève Frédéric Lagarde d'Eurofeder(3). Il faut là aussi qu'on ait tous les mêmes règles qu'on soit français, espagnols, portugais..." Message entendu de la consul général du royaume et des élus autour de la table, notamment des parlementaires Descœur et Delcros, prêts tous deux à accompagner les opérateurs de la filière au ministère de l'Agriculture pour tenter d'obtenir un assouplissement de ces contraintes sanitaires distorsives.
"C'est un pays avec lequel la France entretient de très bonnes relations, ça ne peut aller que dans le bon sens pour développer ces échanges agricoles mais il faut aussi que nous, exportateurs, comme les éleveurs, nous adaptions à leur demande, qui est aujourd'hui centrée sur des broutards de 300-350 kg", estime Frédéric Lagarde.

Une mission économique en février

Et c'est justement pour apprécier ce potentiel, ces besoins marocains et sceller les bases de partenariats plus étroits entre le Cantal et le Royaume, qu'au sortir de cet échange, Bruno Faure et la consul ont convenu d'une prochaine visite à vocation économique, possiblement en fin février 2020, dans des régions "assez semblables à la vôtre", a indiqué Meryem Ennaji. La région de Fès-Meknès (centre-nord), au fort potentiel agricole, a ainsi évoquée. C'est d'ailleurs dans la ville impériale de Meknès que se déroule chaque année le salon international de l'agriculture du Maroc, qui, en avril dernier, a réuni... 850 000 visiteurs, dix fois plus que le Sommet de l'élevage. Mais c'est bien avec la région et la ville de Khenifra, dans le Moyen Atlas central que Lhoucine Garrouge, à l'initiative de ces échanges, ambitionne, avec l'aval de Bruno Faure, d'établir un partenariat. Une ville proche "d'une station de ski, avec un barrage pas loin, une agriculture de montagne comme ici", décrit ce dernier.   
"Je propose qu'une délégation du Département (Cantal) puisse se déplacer au Maroc dans ces régions, pour une visite de prospection et de prise de contacts qui pourront déboucher sur d'éventuels partenariats. Le président Faure pourrait être accompagné par différents acteurs économiques du département pour soit nouer des partenariats, soit s'installer au Maroc ou y ouvrir une filiale", a confirmé la consul.  C'est l'ambition d'Olivier Theil qui, ces deux derniers années, a multiplié les déplacements à Rabat et dans d'autres villes marocaines avec le projet aujourd'hui de s'associer à un acteur marocain. "On est à la recherche d'un vrai partenaire qui soit prestataire de services, pour aller prospecter le marché", expose le patron de Mécatheil pour qui, sans ce type d'intermédiaire local, difficile pour une entreprise française de s'implanter "où alors il faut y être présent en permanence pour assurer la relation humaine qui est essentielle".
(1) Chiffres Institut de l'élevage.
(2) Eurofeder, Charrade, Sabut, Raynaud-Delcros, Fabre, groupe Altitude, Elvea Sud-Massif central, marché au cadran de Mauriac.
(3) Issue de la fusion d'Eurofrance et des coopératives Feder-Celmar, Eurofeder est le premier groupe européen de commerce du bétail.