Agriculture : une rentrée techno

[Edito] Une rentrée agricole sous le signe de la « tech » ! A rebours des idées reçues reléguant l’agriculture à un monde peu innovant, le gouvernement a lancé l’initiative « French AgriTech » afin d’accélérer l’innovation au service de la souveraineté alimentaire.

La France compte plus de 200 start-up et entreprises référencées dans le domaine de la technologie agricole (AgriTech) et alimentaire (FoodTech). Avec 560 millions d’euros de fonds levés en 2020, la France se place au cinquième rang mondial pour ces deux domaines, cependant loin derrière les Etats-Unis et la Chine (qui ont respectivement généré 11 et 4,2 milliards d’euros d’investissements). Leurs domaines d’application sont multiples : robotisation, outils connectés, logiciels de gestion, plateformes de commercialisation, nouvelles formes de financement, nouvelles techniques de production…

Des start-up comme Agriconomie (e-commerce), Ÿnsect (élevage et transformation d’insectes) ou Algama (production de micro-algues) prennent d’ailleurs une place croissante dans la French Tech, ce label de mobilisation et de promotion des écosystèmes numériques français lancé en 2013.

C’est pour structurer et accélérer le développement de la branche agricole de cet écosystème que le gouvernement vient de lancer le mouvement « French AgriTech ». Objectif : accélérer l’innovation au service de la souveraineté alimentaire. L’Etat consacrera 200 millions d’euros sur 5 ans pour des projets innovants autour des thématiques « Innover pour réussir la transition agroécologique » et « Répondre aux besoins alimentaires de demain ».

La technologie au service de l'attractivité

« Sortons des images ancestrales d'agriculteurs isolés dans les champs et déniant les avancées prometteuses offertes par la technologie au profit d'une agriculture repliée sur elle-même. Elles sont contraires aux réalités ! L'agriculture est hautement technologique et innovante. » Dans une tribune, le ministre de l’agriculture Julien Denormandie et le secrétaire d'État chargé du numérique Cédric O affirment que bâtir une agriculture plus forte et plus souveraine « passera inévitablement par l'intégration renforcée des technologies et des innovations ».

Ces technologies - déjà existantes ou à venir - en faveur de l’environnement, du bien-être animal, mais aussi offrant une amélioration des conditions de travail des agriculteurs et agricultrices, sont autant de facteurs d’attractivité pour les futures générations. De quoi motiver les quelques 216 500 jeunes ayant pris cette année le chemin de l’enseignement agricole ! Second système d’enseignement en France, celui-ci accompagne aussi les étudiants porteurs de projets d’AgriTech et de FoodTech. Ces cinq dernières années, ce sont plus d’une centaine de start-up qui ont été créées par des étudiants ou jeunes ingénieurs des écoles d’agronomie, indique le ministère de l’Agriculture.

Et s’il fallait un exemple pour illustrer les évolutions à l’œuvre dans le monde agricole, l’ouverture de l’école « Hectar », cofinancée par Xavier Niel, est parlante : sur un même campus se croiseront des futurs repreneurs de fermes, des créateurs de start-ups et des codeurs désireux de mieux comprendre les enjeux du secteur agricole.