Août 2023 : entre fraîcheur automnale et canicule exceptionnellement intense et tardive

Fin août, la France a connu sa période caniculaire la plus tardive jamais observée si tard dans la saison. Retour sur ce mois d’août hors du commun et aperçu des prévisions météo pour début septembre.

La première décade du mois d’août a été marquée par un temps très frais pour la saison et par une succession de salves pluvieuses. Cette période météorologique « automnale » avait débuté le 20 juillet et l’indicateur thermique affichait dès lors, au soir du 9 août 2023, un déficit de 1,2°C par rapport aux normales climatiques.

La période du 5 au 9 août fut donc particulièrement fraîche pour la saison et le mardi 8 au petit matin, les températures minimales étaient régulièrement situées 5 à 7 degrés en-dessous des moyennes saisonnières, dignes du plein cœur de l’automne. A moyenne altitude, nous avons même relevé quelques gelées, ce qui est remarquable pour un début août. En conséquence, quelques records mensuels ont été battus en direction des Cévennes notamment. On a ainsi relevé -1,5°C à Grandrieu (48, 1171 mètres d’altitude) contre -0,2°C le 06/08/1987, +1,7°C au Buisson (48, 1088 mètres) contre +2,1°C le 09/08/2021, mais aussi en plaine avec +6,1°C à Méjannes-le-Clap (30) contre +7,1°C le 30/08/1998 et +8,6°C au Castellet (83), contre +8,8°C le 31/08/2006. A noter aussi seulement 13°C à Marseille au lever du jour, du jamais vu depuis plus de 30 ans à cette période de l’année.  Ailleurs en France, il ne faisait que 4,4°C à Menat (63), 4,5°C à Aubusson (23), 4,8°C à Bas-en-Basset (43), ou 5°C à Blars (46).

Ce débit août particulièrement frais s’explique par la présence d’une circulation océanique dynamique, habituellement observée en automne et en hiver. Dans ce contexte, nous avons même subi deux forts coups de vent. Le premier, sous l’influence de la dépression prénommée « Patricia » le mercredi 2 août, dont les rafales maximales ont atteint les 100 à 121 km/h le long des côtes de la Manche et de nombreuses submersions marines ont été observées le long des littoraux bretons et normands. Le second, un peu moins fort tout de même, a également affecté les régions du nord-ouest de la France, le samedi 5 août, au passage de la dépression « Antoni », s’accompagnant de rafales maximales comprises entre 95 et 107 km/h.

Néanmoins, la donne a changé dès le 11 août avec la mise en place d’une masse d’air chaud sur le sud du pays, et notamment sur le sud-est avec le placement en vigilance canicule orange du département du Rhône dès le samedi 12 août puis en vigilance rouge le 21 août. Cela a donc constitué un radical changement de conditions météorologiques puisque cet air de plus en plus torride, au fil des jours, a progressivement envahi l’ensemble des régions méridionales et orientales de la France avec un pic d’intensité observé entre le 21 et 24 août. 37 départements ont été placés en vigilance orange canicule et même 19 départements en vigilance rouge !

La France a donc connu sa période caniculaire la plus tardive jamais observée si tard dans la saison entre le 11 et le 25 août. Pour la 6ème fois, la « vigilance rouge canicule » fut mise en place, entre le 21 et le 24 août, après juin 2019, juillet 2019, août 2020, juin 2022 et juillet 2022.

Le cas particulier du département du Rhône et notamment du lyonnais

La région lyonnaise a subi une période caniculaire exceptionnelle de 15 jours soit 3 jours de plus que l’historique canicule de 2003. De plus, la température maximale record de 40,5°C du 13 août 2003 a même été battu le jeudi 24 août 2023 avec 41,4°C. Néanmoins, si cette canicule 2023 avait eu lieu début août, nous en aurions vécu une encore plus intense que celle de 2003 mais, avec ce petit décalage dans le calendrier, et donc avec des nuits un peu plus longues, nous n’avons pas battu en intensité la canicule de 2003, avec une moyenne des valeurs maximales de 36,5°C, en 2023, contre 37,5°C en 2003, qui reste donc encore la référence pour la région lyonnaise, comme pour la France d'ailleurs.

Quid de la sécheresse ?

La situation ne s’est pas arrangée malgré un début et une fin de mois humide et fraîche. Toutefois, la période caniculaire a annihilé la tendance humide et donc nous sommes dans un contexte plus préoccupant car la vidange s’étend à l’ensemble des nappes (89% des nappes sont en baisse) et s’est bien poursuivie au cours de ce mois d’août, principalement sur les régions méridionales et orientales de la France.

Carte de France de la situation des nappes au 28 août 2023 : https://info-secheresse.fr

Quelles sont les prévisions météorologiques en France pour la première décade du mois de septembre 2023 ?

A cette période de l’année, c’est-à-dire au début de l’automne météorologique, débutant le 1er septembre, les prévisions météorologiques sont généralement fiables à court terme. Néanmoins, assez rapidement, à moyen et surtout à long terme, il est très difficile d’établir une tendance dont la fiabilité dépasse les 50 à 65%.

Pourquoi une telle problématique ? Tout « simplement » du fait de l’activité cyclonique dans le bassin Atlantique Nord, englobant les Antilles et le golfe du Mexique. En effet, ces systèmes cycloniques tropicaux entrent en interaction avec le flux océanique, circulant entre Terre-Neuve et l’Europe de l’Ouest et du Nord. Cet apport d’air tropical et donc chaud, modifie grandement la circulation générale de l’atmosphère à moyen et à long terme car les modèles ont une très grande difficulté à appréhender l’intensité et la trajectoire de ces phénomènes à ces échéances. Par exemple, si un système cyclonique est prévu de se décaler de la côte orientale des Etats-Unis vers le nord de l’Atlantique Nord à moyen terme, il pourra dès lors engendrer la formation d’un anticyclone subtropical vers l’Europe de l’Ouest apportant du temps sec et chaud. En revanche, si ce même système prend du retard où se décale vers d’autres régions de l’hémisphère Nord, nous pourrions alors avoir du temps humide et plus frais !

Résultat, pour ces premiers jours du mois de septembre 2023, la tendance est à une hausse des températures qui repasseront au-dessus des normales climatiques au cours de ce week-end des 2 et 3 septembre. Néanmoins, il subsiste déjà une incertitude du fait de la présence d’une dépression sur la Péninule Ibérique. La principale interrogation provient de son emplacement. En effet, si cette dépression se positionne au large du Portugal alors la France sera davantage sous de sèches et chaudes conditions météorologiques. En revanche, si ce système dépressionnaire se cale plutôt vers l’est de l’Espagne alors il faudra craindre des épisodes pluvieux et orageux marqués sur le sud du pays et des orages sur l’ouest.