Bovin : conjoncture sem 39-2020

Les français mangent encore de la viande

Bonne nouvelle pour les éleveurs, le discours « anti-viande » et « pro végétal » véhiculé par les journalistes devrait avoir très peu d’influence sur le comportement global des consommateurs. C’est le résultat d’un rapport commandé par le Ministère de l’Agriculture sur (Comportements alimentaires déclarés versus réels : mesurer et comprendre les écarts pour améliorer l’action publique sur le sujet). Le chiffon rouge brandit en permanence par les antispécistes est du pain béni pour faire de l’audience et agiter les sphères médiatiques. Il en ressort qu’il n’y a pas de corrélation entre les messages des médias traditionnels et ceux du grand public sur les réseaux sociaux. L’activité des militants végans sur ces mêmes réseaux montre qu’elle se concentre surtout autour de leur communauté. Si la visibilité du discours de cette frange minoritaire inquiète et irrite les éleveurs, ils peuvent être rassurés par le constat que l’opinion publique est très septique au regard des arguments avancés par la communauté végan. Ce qui est le plus intéressant, c’est de constater que la consommation de viande progresse quand le débat sur la viande augmente. La pub pour les burgers végétals serait-elle un levier pour ceux avec de la viande ?  En revanche, ce qui peut être inquiétant ce sont les positions des décideurs politiques qui sous une pression médiatique bien orchestrée, prennent des décisions qui seront lourdes de conséquences pour les jeunes générations en bannissant ponctuellement la viande de l’assiette des jeunes générations dans les cantines.     

Les chiffres parlent d’eux même, car le volume global traité chaque semaine par les industriels de la viande n’a rien de comparable à celui de la consommation végétale. Quand la start-up « les nouveaux fermiers » (drôle de nom pour une production sans animaux) annonce vouloir porter à 10t/semaine sa production de « steak végétal », ce sont près de 61000 bovins qui agrémentent les assiettes des ménages. 

Tous les acteurs de la filière restent attentifs et inquiets de la santé de la ferme France face aux dégâts engendrés par la sécheresse sur les stocks de fourrage et la trésorerie, mais surtout sur le moral des éleveurs. La filière qui est en pleine mutation observe les changements dans la façon de consommer la viande et une progression du flexitarisme.  La filière viande n’est pas morte pour autant, car ce sont encore 98% de population qui déclare consommer de la viande, avec certes une part grandissante des produits transformés et un développement des repas pris hors domicile. Les éleveurs sont des passionnés, qui ne demandent qu’à s’adapter, pour peu qu’on leurs donnent une vision de l’agriculture de demain. C’est là que cela coince, car si les industriels demandent depuis de nombreuses années une réduction du poids des carcasses pour mieux correspondre à la demande des consommateurs, les éleveurs continuent à miser sur des animaux de gabarit pour produire des broutards à fort développement. Or, on ne sait pas faire de gros broutards avec des petites vaches !

Le climat commercial pâtit du recul saisonnier des ventes des aloyaux, mais le report des ventes sur les viandes transformées se confronte toujours à la valorisation des parties nobles qui passe au hachoir. Les industriels font de la congélation dans le minerai maigre, signe d’un renforcement du déséquilibre offre/demande dans la qualité des laitières. La production de steaks hachés à 15% de MG est stable face aux volumes offerts par les avants de JB ou d’allaitantes.