Céréales/Oléagineux : « La bourse des grains du 11 septembre se présente bien malgré la crise que nous traversons »

Dans le contexte exceptionnel de Covid-19 et de faible récolte de grains français, le président d’Agro Paris Bourse, Baudouin Delforge, répond à nos questions.

La Dépêche-Le Petit Meunier : Entre la pandémie de Covid-19 et une récolte de céréales en berne, quel constat pouvez-vous faire concernant la filière du Commerce des grains française en ce début de campagne 2020/2021 ? Et demain ?

Baudouin Delforge : On a rarement connu une production si basse, la commercialisation sera compliquée cette année. Des sociétés déjà engagées auront du mal à honorer les contrats. En face, la consommation dans certains secteurs chute terriblement. C'est notamment le cas pour la Malterie/Brasserie, même si le déconfinement suivi des vacances estivales ont permis de relancer l'activité. De plus, les changements d’habitudes de consommation, renforcés par la pandémie de Covid-19 se font sentir. Dans ce contexte, difficile de se projeter dans l’avenir ! Les entreprises de collecte sont surtout touchées par la baisse de production tandis que la transformation a fait face à une crise de la demande qui n’a peut-être pas encore dit son dernier mot.

 

LD-LPM : Dans quelle mesure le secteur des grains a-t-il eu recours aux aides liées au Covid-19 ? Seront-elles suffisantes ou doit-on s’attendre à un lourd impact pour son tissu économique ?

B. D. : Les entreprises – notamment les plus importantes – ont su saisir les opportunités mises en place par l’État. Mais, globalement, la filière est très endommagée et la faible récolte accentuera la pression. Les entreprises font preuve de beaucoup de pudeur, mais le réveil sera sans doute douloureux le 30 juin prochain. Des rachats/regroupements sont sans doute à prévoir avec des conséquences sur l’emploi, mais aussi une diminution des services aux clients et aux adhérents. La fermeture de petits silos devrait s’intensifier dans les campagnes. Et la logistique – qui reste un des derniers leviers de gain de productivité – sera sûrement sollicitée à l’avenir. On peut s’attendre à un développement du recours au trafic fluvial et au fret ferroviaire à condition de les favoriser et, si possible, en revenant sur les erreurs passées comme la fermeture de certaines lignes.

 

LD-LPM : Comment se présente la bourse de Paris du 11 septembre dans ce contexte sanitaire inédit ?

B. D. : La bourse se présente bien malgré le contexte exceptionnel que nous connaissons. De nombreuses précautions ont été prises afin de garantir le respect des gestes barrières et un maximum de sécurité sanitaire. Nous disposerons d’espaces ouverts et donc très aérés dans le pavillon Gabriel où se déroulera le rassemblement. Le buffet sera servi directement aux participants et des zones d’échanges dédiées seront mises à disposition pour éviter d’être trop nombreux aux mêmes endroits. Des masques et du gel hydroalcoolique seront aussi disponibles. Nous visons 250 à 300 personnes. Si les précautions sont respectées, il n’y a pas trop de risque. Les opérateurs de la filière ont besoin de se retrouver.

 

LD-LPM : Comment envisager vous l’avenir pour ce type de rassemblement ? Y aura t-il un avant et un après Covid à votre avis ?

B. D. : Je pense que cette crise débouchera sur une autre façon de se réunir avec des événements plus sélectifs et plus efficaces pour les opérateurs. Par ailleurs, la bourse européenne de Berlin (29-30 octobre 2020) est maintenue, comme celle de Paris en 2024. Ce ne fut d'ailleurs pas assuré puisqu'il a été question de décaler ces évènements d'une année. Pour notre part, je tenais à maintenir l'année 2024, et nous avons tenu bon, notamment grâce aux opérateurs français et à certains européens qui ont fait bloc.