Conjoncture : analyse commerciale sem 02-2021

La viande Française résiste bien

Alors que de nombreux secteurs d’activité ont fortement souffert et souffrent encore des conséquences de la pandémie du Covid19, le secteur de la viande bovine produite à partir de femelle VBF a très bien résisté et a même gagné des parts de marché en 2020. Le report des achats de viande bovine depuis la RHD vers le commerce de détail continue de bénéficier à l’origine France. D’autant plus que l’offre reste relativement limitée.

Le reconfinement d’octobre dernier était plus souple que celui du printemps (ouverture maintenue des écoles, collèges et lycées et de leurs cantines…) , mais il a eu les mêmes effets sur les ventes en GMS que le lors du 1er confinement. D’après Nielsen, en moyenne sur les périodes de couvre-feux et confinement (semaines 44 à 50), les ventes de produits de grande consommation et de produits frais en libre-service étaient en hausse (+6% /2019). Les ventes de produits frais non laitiers (dont les viandes réfrigérées) connaissaient une hausse similaire (+6%). Les ventes de surgelé enregistraient une progression plus marquée (+11%). La progression des achats de viandes hachées (fraîche et surgelée) par les ménages est restée vive et se poursuit avec la mise en oeuvre du couvre-feu.

Cette concentration de la demande sur la viande française est une prise de conscience non seulement de la qualité de notre production tant décriée par les associations abolitionnistes, mais également une volonté de rapprochement entre les consommateurs et la production. Les conséquences de ces changements de comportement sont un net recul des importations, en mettant en évidence (si cela était encore nécessaire) du poids de ces produits dans la restauration. Tout n’est pas importé et la fermeture de la restauration, est en revanche très préjudiciable à la commercialisation des pièces nobles notamment vers les chaînes spécialisées dans les grillades qui s’était repositionnées sur le VBF.

 

En revanche si cette pandémie a été favorable aux femelles, elle a été désastreuse pour les mâles. Le marché intra-européen a été bouleversé pour une production majoritairement tournée vers la RHF. Les grands pays producteurs ont revu leurs stratégies à l’export, ce qui a conduit à une très forte concurrence et à un engorgement du marché. Il aura fallu près de 8 mois pour résorber les retards d’enlèvement, mais avec des conséquences importantes sur les mises en production et le prix des broutards. Les stocks sont résorbés, mais la frilosité de la demande italienne sur les arrières empêche pour le moment une remontée des cours. L’Allemagne reste en revanche demandeuse, car son secteur abattage est fortement impacté par le covid avec des décisions fortes qui ont été prises sur le traitement de la main-d’œuvre venue des pays de l’Est. Le dumping social n’est plus possible, ce qui aura un impact très significatif sur les coûts de transformation. Dans ce pays le prix des jeunes bovins R a fortement progressé sur novembre et décembre pour attendre 2,79€.

Du côté espagnol, la situation reste très compliquée, car les mises en production étaient principalement orientées vers les pays tiers méditerranéens, or sur les 10 premiers mois de l’année 2020, les exportations espagnoles de viande bovine réfrigérée ont chuté de 43%. En réaction, elles ont bondi de +42% vers l’Italie et ont été multipliées par 2,5 vers le Portugal.

 En France, la décapitalisation se poursuit notamment dans le cheptel allaitant. Cette chute est en partie due à la pyramide des âges. 55% des éleveurs ont entre 50 et 60 ans et possèdent la moitié du cheptel. Les petites structures disparaissent et le manque de rentabilité des ateliers allaitant constitue le premier motif de non-création ou de cessation d’activité. L’orientation de l’élevage vers un profil plus agro écologique dans des circuits courts est un choix aujourd’hui qui donne de bons résultats, mais il ne concerne qu’une petite partie de la profession. Les grandes masses restent orientées par la production de viande à base de laitière dont la rentabilité est plus liée au prix du lait que celui de la viande.