Conjoncture – Les labels et le BIO sont dans le dur.

De nombreuses personnes avec un emploi n’arrivent plus à boucler leur fin de mois, ce qui génère des choix budgétaires et une baisse en gamme des produits alimentaires. Le plus symptomatique de cette évolution est la déprise des labels et du BIO.

Conjoncture –

Dans une Europe toujours en économie de guerre, le recul du pouvoir d’achat des consommateurs les plus fragiles est de plus en plus visible. Les personnes qui vont s’approvisionner aux Restos du Cœur ou autres associations de soutien sont de plus en plus nombreuses, avec des profils qui se déplacent vers le monde du travail. De nombreuses personnes avec un emploi n’arrivent plus à boucler leur fin de mois. Leur mode de consommation se restreint au strict nécessaire et la viande est souvent limitée ou absente de leur alimentation. La classe moyenne souffre également, mais elle a plus de liberté dans le choix de conduire leur budget, avec des orientations plutôt flexitaristes.

La viande rouge n’est plus une priorité, et surtout la façon de la consommer est de plus en plus orientée vers la viande hachée ou élaborée. Les achats de viande piècées sont le plus souvent réservés pour les week-ends ou les repas festifs.

Les Français aiment la viande, mais ce produit noble porte trop souvent un fardeau qui n’est pas le sien. La viande rouge ne peut sauver la planète à elle seule.

L’évolution du comportement des consommateurs est orientée par des modes de pensée écolo responsable et par des lobbys qui font prendre des positions parfois radicales sur l’alimentation des enfants, qui sont les consommateurs de demain. Tout passe par l’éducation, et le monde de la viande passe également par ce tamis.

Dans une société en surchauffe sociale, de nombreux consommateurs urbains souvent déconnectés du monde agricole ont découvert le marasme dans lequel était le monde agricole pendant les grosses mobilisations de février. 

Néanmoins, l’inflation génère des choix budgétaires et une baisse en gamme des produits alimentaires. Le plus symptomatique de cette évolution est la déprise des labels et du BIO.

Les attentes sociétales sont fortes et la Loi Egalim est là pour protéger ces filières, mais l’économie et la finance reste difficile à contourner. La part du bio dans les achats des télédéclarants RHD est de 13,1 % alors que le taux imposé par Egalim est de 27,5 %. C’est dans les cantines des écoles primaires (maternelles et élémentaire) que la part du bio est la plus forte, à 24,9 %, comme pour les crèches (25,1 %), ainsi que dans les restaurants administratifs des collectivités territoriales (20,6 %). Elle est en revanche très faible dans l’enseignement supérieur et universitaire (5,7 %) ainsi que dans le secteur de la santé (2,6 %) ou encore les Ehpad (3 %).

Du côté de la production, les éleveurs s’interrogent sur leurs orientations de production. La déconversion massive du bio en est le reflet, alors que les labels de viandes peinent à trouver leur place sur un marché de niche en décroissance. 

Les industriels de la viande s’adaptent à la décroissance de l’offre et aux transformations des modes de consommation. La France a la chance d’avoir le plus gros potentiel de production en veau et en broutard avec un très grand choix dans les races. La seule façon de retrouver une autonomie alimentaire sera de garder ces animaux sur notre territoire, à condition de trouver les forces vives pour les mettre en place avec une viabilité décente pour les éleveurs. Ceci est un très gros défi dans un marché de libre-échange où les importations de viande et les exportations de broutards sont incontournables.

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