Conjoncture – Quel sera le paysage de 2024 ?

2023 aura été une année de stabilisation pour le secteur allaitant et d’un sérieux ajustement des prix à la baisse dans les réformes laitières. Quel sera le nouveau paysage de 2024, dans une Europe toujours soumise aux aléas d’un marché de libre-échange ?

Conjoncture – Après une année 2022 qui aura été marquée par une revalorisation sans précédent des cours de la viande, 2023 a été une année de stabilisation pour le secteur allaitant et d’un sérieux ajustement des prix à la baisse dans les réformes laitières. Les vaches Charolaises R= ont débuté l’année autour de 5,25€ sur les marchés, pour la terminer sur les mêmes bases après avoir atteint les 5,40€ au cœur de l’été.

Les éleveurs, qui en temps normal, auraient dû bénéficier de ces revalorisations pour accroître leurs revenus, se sont fait spolier par des hausses de l’ensemble de leurs intrants, face à un conflit Russo-Ukrainien qui perdure et qui a entraîné une perturbation majeure de l’économie mondiale.

Tous ces chamboulements se sont retrouvés à plus ou moins grande échelle dans le panier de la ménagère, avec un resserrement marqué de l’échelle de prix entre les pièces nobles et le produit phare de la consommation qu’est la viande hachée. C’est le nerf de la guerre pour les industriels. Le steak haché surgelé est le produit dont le prix a le plus progressé, suivi de très près par les viandes hachées fraîches. L’impact sur les volumes écoulés montre un recul de la consommation même si ce sont encore les produits les plus plébiscités par les ménages. Le marché du minerai a été celui où la bataille a été la plus féroce, face à une concurrence européenne très forte.  Alors que le marché français maintenait des tarifs soutenus sur les réformes laitières, nos voisins européens enregistraient des baisses drastiques. En Allemagne, les vaches O ont perdu 1,50€ après avoir connu des sommets à plus de 5€ au printemps 2022. Elles débutent l’année à 4 € pour tendre progressivement vers les 3,50€ en cette fin d’année. Les écarts de valorisation avec la France ont été entre 0,80 et 1€/kg de carcasse une bonne partie de l’année. De quoi pousser un peu plus les portes de l’importation notamment vers la RHF. La France a été le seul pays à maintenir des niveaux de prix élevés, alors que l’ensemble de nos voisins ajustait le prix des laitières à la baisse. Cette concurrence a sérieusement impacté la compétitivité de nos outils industriels, au point que l’Etat a enclenché un plan de consolidation des abattoirs français pour 2024. Malheureusement, le mal est fait, et l’année 2024 risque d’être celle de nombreuses restructurations avec des fermetures qui devront être accompagnées pour les éleveurs, les salariés et les sous-traitants.

Quel sera le nouveau paysage de 2024, dans une Europe qui est toujours soumise aux aléas d’un marché de libre-échange ? Quels seront les nouveaux équilibres qui régiront le marché avec un cheptel européen en décroissance ? Après la baisse marquée des prix français sur cette fin d’année, les industriels auront-ils plus de marge pour servir la RHF ? Quelles seront les marges de négociation qui ont été avancées avec les distributeurs ? La volonté de maintenir des prix rémunérateurs qui intègrent la hausse de l’énergie va se confronter à des distributeurs encouragés par le gouvernement à tirer les prix à la baisse ? 2024 sera également une année forte dans la concentration des circuits d’abattage et de négoce.