Coopératives laitières : Cap sur la revalorisation des produits laitiers

Après le coup d’arrêt marqué par la crise du Covid-19, il y a une urgence vitale à relancer la démarche de revalorisation des produits laitiers. Pour les coopératives laitières, cela passe par deux leviers : le respect de la loi EGA sur les négociations commerciales et le plan de relance du gouvernement.

Si la filière et  les coopératives laitières ont « tenu bon», c’est parce que « la filière a su se montrer unie et organisée, et a su se mobiliser pendant la crise », a souligné Damien Lacombe, président de La Coopération Laitière, lors d’une conférence de presse le 3 septembre. Les coopératives ont su faire preuve de « réactivité » pour assurer la collecte et la continuité de l’approvisionnement alimentaire. Mais elles ont subi un impact économique important, suite à des pertes massives de débouchés (restauration collective, AOP, exportation), et des surcoûts liés à la crise sanitaire.

Le programme de réduction volontaire des volumes de l’interprofession laitière et l’activation des mesures d’aide au stockage privé (même si elles ont été peu utilisées en France) ont permis de limiter la spirale déflationniste sur les cours du beurre-poudre et donc sur les prix payés aux adhérents coopérateurs.

Au final, les prix du lait sur l'année 2020 devraient être en moyenne, « en légère dégradation, tout en restant proches à quelques euros près des prix de 2019 », avance Damien Lacombe.  

Les prochains mois seront décisifs

Mais de fortes incertitudes pèsent aujourd’hui sur l’évolution des marchés. Notamment sur la restauration hors foyer (RHF), avec un gros point d’interrogation sur les mesures sanitaires des semaines à venir. Un débouché qui est particulièrement important pour les coopératives qui réalisent 32% de leur chiffre d’affaires sur la RHF (export inclus).

Les mois qui viennent vont être décisifs pour l’avenir de la filière. Pour Damien Lacombe, il y a une « urgence vitale » à relancer la démarche de revalorisation  des produits laitiers. La Coopération laitière mise sur deux leviers. Le premier levier « majeur » est de poursuivre le travail engagé suite aux Etats généraux de l’alimentation (EGA) pour créer de la valeur et faire remonter cette valeur tout au long de la chaîne jusqu’aux adhérents coopérateurs.

Un gros travail de négociation sur les MDD

On est loin de l’objectif affiché en sortie des EGA de +10% en trois ans sur les Prix de vente industriel (PVI) pour les marques nationales et les Marques de distributeurs (MDD). Même si la dynamique est enclenchée : en année 1 des EGA (2019), la filière laitière a obtenu une hausse moyenne de + 1% principalement sur les marques nationales, et en année 2 (2020)  +1,4% sur les marques nationales. Mais pour atteindre les + 10% qui restent l’objectif à terme, « la filière doit franchir une marche importante cette année ». Il reste « un gros travail à faire avec les enseignes de la distribution d’ici la fin de l’année sur les MDD ; toutes doivent jouer le jeu ». Ce travail sur les MDD est particulièrement important pour les coopératives dont deux-tiers des Produits de grande consommation (PGC) sont des MDD. Il sera déterminant sur les négociations commerciales de 2021.

Maintenir l’attractivité de la filière

 « Cette revalorisation tarifaire est une absolue nécessité malgré le débat sur pouvoir d’achat, insiste-t-il. Car si l’on n’est pas capable de poursuivre et accélérer la dynamique, on aura beaucoup de difficulté à maintenir l’attractivité de la filière laitière, et on verra arriver une déprise forte. » La baisse du nombre d’exploitations laitières s’accroît: - 7 % entre 2018 et 2017, contre 3-4% il y a quelques années ; le chiffre devrait toutefois être un peu moins élevé en 2019.

Soutenir la reprise des investissements

Le second levier surlequel misent les coopératives laitières, c’est le plan de relance du gouvernement annoncé le 3 septembre. De part leur structure coopérative et notamment leur ancrage territorial, elles estiment être en capacité de s’inscrire dans les trois grandes lignes générales du plan : économie plus verte, compétitivité et cohésion sociale. Un soutien fort du gouvernement est attendu pour relancer les investissements, via l’enveloppe de 3 milliards € dédiés au renforcement des fonds propres des entreprises. « La crise sanitaire a marqué un coup d’arrêt dans les investissements pour beaucoup de coopératives. Il est indispensable de continuer à développer les outils de production pour aller chercher de la valeur ajoutée sur le marché intérieur et à l'exportation, et cela passe par des investissements colossaux ».1,26 milliard d’euros ont été investis par les coopératives laitières entre 2014 et 2018  pour renforcer leur compétitivité..