[CÔTÉ CONFÉRENCE]. Circuits courts : le « nouvel Eldorado » ?

A l’occasion du Salon international de l’agriculture 2023, plusieurs conférences ont permis de s’intéresser aux grandes tendances agricoles. La Ferme digitale a proposé sur son stand, vendredi 3 mars 2023, une table ronde autour des circuits courts.

Se lancer en circuits courts, est-ce vraiment le bon moment ? Si un vrai boom a eu lieu lors de la crise Covid, l’engouement est-il toujours justifié ? D’autant que le contexte géopolitique peut inquiéter plus d’un agriculteur. Ce sont les réflexions qui ont été posées lors d’une table ronde organisée par la Ferme digitale, vendredi 3 mars 2023 à Paris. Pour en débattre, Hermine Chombart de Lauwe, déléguée générale au Conseil national pour la résilience alimentaire (CNRA), Patricia Sijilmassi, directrice générale du réseau Fermes & Co et Claire Coquillat, responsable des marchés agri & agro chez Crédit agricole, ont pris place.

Un contexte favorable

D’après Hermine Chombart de Lauwe, qui travaille au CNRA, 23 % de producteurs font de la vente directe, avec une croissance de 15 % de plus par an envisagée dans les années à venir. « On assiste à un retour aux bases. La valeur refuge est confortée par le coût de l’énergie et donc, demain, du transport », remarque l’experte. Les circuits courts font donc office de mode d’achat rassurant et de proximité.

La table ronde était 100 % féminine, hormis pour l’animation.
© LM

« Une valeur ajoutée »

Claire Coquillat du Crédit agricole va dans ce sens. « Les circuits courts sont un vrai axe de diversification et un retour de valeur ajoutée. C’est une manière d’échapper à la dépendance des grossistes, de maîtriser ses prix de vente, mais aussi d’apporter de la valeur sociale. Pour certains exploitants, cela peut rompre l’isolement », lance-t-elle.

Les feux sont au vert

« Le terreau est favorable, car il y a un véritable élan politique, affirme Hermine Chombart de Lauwe. La croissance est principalement portée par les Projets alimentaires territoriaux (PAT). Il y en a plus de 400 en France. » Attention cependant à ne pas mettre la charrue avant les bœufs. Patricia Sijilmassi de Fermes & Co – le réseau compte 8 000 producteurs et affiche un million d’euros de chiffre d’affaires en 2022 – rappelle les prérequis : « avoir un bon emplacement, une bonne offre et une bonne équipe ». Faire de la vente directe ne se résume plus à être agriculteur, mais devenir commerçant.

 

Questions à Jean-Marie Lenfant, président de Fermes & Co et président délégué du réseau Bienvenue à la ferme
Jean-Marie Lenfant, président de Fermes & Co et président délégué du réseau Bienvenue à la ferme.
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Les installations en circuits courts sont-elles toujours d’actualité en Normandie ?
Nous avons toujours des jeunes ou des moins jeunes qui s’installent. Ce qui est plus compliqué, c’est la tendance de marché. La grippe aviaire a beaucoup perturbé le secteur. Il faut plus que jamais se tourner vers une professionnalisation de communication.
Bien communiquer, c’est la clé pour bien fonctionner en vente directe ?
Quand on s’installe sur un marché hebdomadaire, il faut communiquer auprès des consommateurs par la voie digitale. On ne peut pas attendre que le client vienne. C’est l’avantage du réseau Fermes & Co, qui compte trois magasins en Normandie (Seine-Maritime, Eure et Orne), qui accompagne les producteurs.
Combien coûte ces services ?
Nous avons des professionnels du commerce qui apportent leur expertise. On travaille en réseau pour analyser les marchés possibles, les chiffres, les opérations de communication. Pour une création de magasin, le coût est de 20 000 €. Pour une transformation de magasin, le coût est de 10 000 €. Ça peut paraître onéreux, mais on accompagne de A à Z sur les audits, les dossiers, les recherches, etc. Ensuite, il y a une cotisation mensuelle prélevée sur le chiffre d’affaires.