Crise du gaz : les sucriers anticipent l’ouverture de leurs usines

<em>Mis à jour le 13 septembre 2022</em> La campagne betteravière a démarré huit jours plus tôt qu’habituellement pour les groupes coopératifs Tereos et Cristal Union qui cherchent à se prémunir des problèmes d’approvisionnement en gaz au cœur de l’hiver.

Le marché du gaz dicte sa loi : pour limiter les risques concernant l’approvisionnement en gaz de ses usines, les groupes coopératifs sucriers Tereos et Cristal Union ont décidé d’ouvrir leurs premières unités avec huit jours d’avance. « La source d’énergie de la quasi-totalité de nos usines est le gaz afin de réduire nos émissions de CO2 », précise Jean-Jacques Mennesson, président du conseil coopératif. « La consommation de gaz dans le processus de transformation du sucre est incompressible », ajoute Jérôme Hary, agriculteur à Abancourt (59) et président de la commission betterave de Tereos.

« Cette date est un bon compromis, elle nous permet de préserver autant que possible le potentiel agronomique de nos betteraves touchées par la sécheresse tout en adaptant l’activité de nos usines au contexte énergétique sous pression », estime pour sa part Olivier de Bohan, président de Cristal Union.

Du côté de Tereos, les usines de Lillers (62) et de Bucy-le-Long (02) ont démarré leur activité dès le 8 septembre. Les sites d’Attin, Boiry-Sainte-Rictrude (62) et Chevrières (60) vont réceptionner leurs premières betteraves le 13 septembre, Origny-Sainte-Benoite (02) le 15 septembre, Escaudœuvres (59) le 20 septembre et enfin, Connantre (51) et Artenay (45) le 21 septembre.

Pour Cristal Union, le site de Fontaine-le-Dun (76) a démarré le 7 septembre ; Arcis-sur-Aube (10), Corbeilles-en-Gâtinais (45) et Pithiviers-le-Vieil (45) démarreront le 15 septembre ; Bazancourt (51) et Sillery (51), le 17 septembre ; Sainte-Emilie (80), le 19 septembre ; et enfin Erstein (67), le 5 octobre.

Concertation

« Nous avons pris en compte le risque lié au gaz en concertation avec les coopérateurs », assure Jérôme Hary. L’avancement des arrachages s’est fait sur la base du volontariat avec une compensation financière. Les coopérateurs concernés vont percevoir 70 cts d’euros par tonne et par jour d’avance entre le 8 et le 15 septembre, puis 35 cts €/t/jour du 15 au 22 septembre.

Les betteraves auraient en effet mérité de rester un peu plus longtemps sous terre pour ajouter quelques tonnes au rendement. « La production a souffert de la sécheresse, particulièrement dans l’Oise et le sud de l’Aisne », indique Emmanuel Pigeon, directeur de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) des Hauts-de-France. « La situation est meilleure dans la Marne où il y a eu un peu d’eau et dans le Loiret où les betteraves sont généralement irriguées », ajoute Jérôme Hary.

Économie d’énergie

De son côté de Cristal Union précise dans un communiqué daté du 13 septembre que "le groupe travaille depuis des années à la réduction de ses consommations énergétiques et estime pouvoir les réduire de 10 % lors de cette campagne". Par ailleurs, « toutes les activités de déshydratation fonctionnant au gaz ont été arrêtées, au bénéfice des seules chaudières biomasse dont le déploiement a été accéléré ces derniers mois »

Richesse en sucre au rendez-vous

Au niveau national, les rendements moyens devraient se situer en dessous de la moyenne cinq ans « avec une grande hétérogénéité », note Nicolas Rialland, directeur de la CGB. Cristal Union note aussi que malgré la sécheresse, « la betterave se révèle plus résiliente que beaucoup d’autres cultures en conditions climatiques difficiles ». Le sucrier annonce des prévisions de rendement moyen « autour de 13 tonnes de sucre par hectare pour les huit usines du groupe, avec des écarts qui restent néanmoins très importants entre les bassins de production ». C'est en effet un des points positifs de ce début de campagne : si les betteraves présentent parfois un aspect décevant, la richesse en sucre semble au rendez-vous.

Tereos : prix des betteraves à la hausse pour la campagne 2021-2022

La coopérative Tereos a réalisé le bilan de la campagne 2021-2022. « Le conseil d’administration a décidé d’ajuster à la hausse le prix des betteraves livrées par ses coopérateurs au cours de la campagne 2021-2022 », indique la coopérative dans un communiqué du 6 septembre.

Les coopérateurs recevront 1,63 euro la tonne (€/t) à 16° de sucre, ce qui s’ajoutera aux 26,67 €/t à 16 perçus le 31 mars 2022, soit une rémunération globale moyenne de 29,90 €/t à 16 (incluant la prime d’engagement et les indemnités de campagne).