Le 10 décembre dernier le Conseil constitutionnel a donné son feu vert à la réutilisation des néonicotinoïdes pour les trois prochaines campagnes betteravières (2021-2023) afin de prévenir les attaques de pucerons verts, en grande partie responsables, avec la sécheresse, d’une chute importante des rendements en 2020. Selon les services statistiques du ministère de l’Agriculture, le rendement moyen s’est établi à 64,9 t/ha, le plus faible depuis 2001, engendrant un recul de 28,2% de la production par rapport à 2019.

Dès l’entame des débats sur la réintroduction des néonicotinoïdes à l’automne dernier, la filière betteravière, par la voix de l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (Aibs), avait mis dans la balance un plan de prévention destiné à cibler l’usage des néonicotinoïdes et à prévenir l’impact potentiel sur les pollinisateurs. Parmi les actions énoncées figuraient la mise en œuvre de toutes les solutions alternatives identifiées, la réduction de 25% des doses, la mise en place de fermes pilotes exemptes de néonicotinoïdes, le partage des connaissances et enfin l’implantation de 4.000 ha de nouvelles surfaces de plantes mellifères sur l’ensemble des exploitations betteravière à horizon 2023.

Projet Bee Happy

Le groupe coopératif Cristal Union, qui fédère 9.000 planteurs sur un total de 25.000, vient d’apporter sa pierre à l’édifice en annonçant l’implantation, au cours des trois campagnes à venir, de 1.600 ha de plantes mellifères. Baptisé « Bee happy », le programme est fondé sur le volontariat. « Le projet rencontre déjà un fort engouement auprès de nos coopérateurs, déclare dans un communiqué Sylvain Verger, ingénieur agronome et référent technique du projet chez Cristal Union. Nous nous mobilisons activement pour susciter l’envie, du plus grand nombre de nos coopérateurs, de rejoindre cette démarche et s’engager sur les trois années à venir. C’est en s’impliquant collectivement que nous pourrons agir efficacement en faveur de la biodiversité. Cette action reflète nos convictions et nous sommes convaincus qu’elle sera extrêmement positive et bénéfique ».

En Champagne-Ardennes, la coopérative apporte son soutien depuis 2014 au projet Apiluz, mené par l’association Symbiose et qui vise à réserver, dans les parcelles de luzerne, une bande non fauchée et différente à chaque coupe. L’expérimentation a mis en évidence une intensité plus importante de la floraison, induisant une fréquentation plus importante des pollinisateurs et au final une production supérieure de miel, sans générer de salissement supplémentaire.