Du méteil pour booster les prairies

Pour faire revivre des parcelles épuisées par le compactage, une journée technique était organisée par la Chambre d'agriculture du Cantal, portant sur le semis direct de méteil sur prairie vivante.

Face aux sécheresses estivales récurrentes, comment s’assurer un stock de fourrage pour l’hiver ? À la demande du groupement de vulgarisation agricole (GVA) de Mauriac-Pleaux-Salers, une journée technique a été animée par la Chambre d’agriculture ce jeudi 29 octobre. Au programme, l’implantation d’un méteil fourrager avec ray-grass et trèfle sur prairie dégradée. Le rendez-vous était donné au Gaec Viallemonteil à Sourniac où cette technique a été mise en œuvre. Les participants à cette formation ont pu constater les premiers effets de cette régénération et découvrir le matériel qui l’a permise. En l’occurrence, le Bednar Omega 3 000L de la Cuma du Labiou. Didier Nureau, conseiller agricole à l’antenne mauriacoise de la Chambre d’agriculture, en a profité pour effectuer des analyses de sol tant au niveau chimique que biologique. Avec une excellente réaction gazeuse à l’eau oxygénée qui révèle une bonne dynamique organique et un pH de 6, la terre du Gaec Viallemonteil a de quoi faire des envieux. À l’aide de son pénétromètre, Marc Peilleron, conseiller spécialisé en agronomie et animateur du réseau Dephy, constatait une bonne descente racinaire de 30 à 40 cm. L’implantation de méteil vise justement à favoriser cette exploration racinaire.

Gratter sans réserve

En début de réunion, devant l’écran de projection, il a été rappelé que l’on n’est pas dans une région où, traditionnellement, on gratte beaucoup, mais que les successions de sécheresses estivales doivent inciter à se remettre en question pour remédier au compactage des sols qui nuit à leur vie souterraine et donc à leur productivité. Quand l’apport de calcaire n’est plus suffisant, il faut en venir au semis direct sur prairie vivante. Marc Peilleron a rappelé que le sursemis à la herse étrille peut fonctionner de façon très peu agressive. La technique banzaï, qui revient à griffer superficiellement pour faire une terre fine et implanter ce que l’on veut, est également efficace sans être, pour autant, la méthode la plus propre. “Plus tu fais de terre, plus ça marche”, a assuré l’intervenant. Ce 29 octobre, c’est le semis direct de méteil sur prairie vivante qui était au programme. Sur parcelle abîmée, cette méthode qui revient à fissurer la terre en profondeur pour redonner de la porosité au sol permet d’espérer six tonnes de matière sèche en première coupe au printemps. Quelques conditions sont toutefois nécessaires. Marc Peilleron invite à cibler une prairie de vieux dactyles bien dégradée et à semer tôt (mi-septembre à mi-octobre) en évitant les périodes humides. Dans l’idéal, l’intervention devrait se faire juste avant la pluie. L’implantation doit concerner une culture à pousse de début de printemps avec un apport de lisier à la fin de l’hiver. Le technicien préconise les mélanges de seigle, avoine, vesce, ray-grass et trèfle blanc. Pour le semoir, il conseille les outils équipés d’un disque ouvreur et d’un disque semeur  (Simtech, Terrasem, Bednar…). Dans l’assistance, un éleveur convaincu s’est déclaré tenté par l’expérience “sur 3 ou 4 hectares, pour essayer”.