[Edito] La PAC 2023 sera-t-elle celle du retour de la jachère ?

La nouvelle Pac pourrait signer le retour de la jachère, pour accéder à l'éco-régime et être dans les clous de la nouvelle conditionnalité. Va-t-il falloir accepter de faire baisser son chiffre d'affaires pour conserver ses aides Pac ?

Le compte à rebours est enclenché pour la nouvelle PAC qui entrera en vigueur en 2023. Certaines règles demeurent floues, et il faudra bien sûr attendre la validation du plan stratégique national français par l’Europe. Néanmoins, au prix de quelques hypothèses, les simulations menées par les organisations agricoles dévoilent progressivement le paysage qui sera façonné par la réforme.

Premier constat : cette nouvelle mouture interrompt la dégringolade des aides en grandes cultures. Certes, des exploitations seront perdantes, à commencer par celles bénéficiant de DPB au-dessus de la moyenne nationale, car elles seront pénalisées par la poursuite de la convergence. Et ce d’autant plus que le remplacement du paiement vert par l’éco-régime concourra également à ramener les aides directes vers la moyenne. Mais à l’inverse, des fermes à moindre DPB pourraient voir leurs aides directes augmenter si elles accèdent à l’éco-régime supérieur.

Décrocher l’éco-régime sera d’ailleurs un des défis à relever pour les exploitations céréalières. Entre un quart et un tiers d’entre elles devront pour cela changer leur système, à la marge pour certaines, plus structurellement pour d’autres. Au préalable, il faudra être en conformité avec la conditionnalité renforcée. Là aussi, ce ne sera pas une formalité pour tous. Disposer de la surface minimale exigée en infrastructures agroécologiques non productives imposera des changements en zone de plaine.

Un levier sera quasi incontournable pour être dans les clous de l’éco-régime et de la conditionnalité en grandes cultures : la jachère. Les conseillers qui multiplient les simulations pronostiquent d’ailleurs le grand retour des « terres au repos ». Dans quelles proportions ? Encore difficile à dire, face à la multitude de situations et de stratégies que dessine cette nouvelle PAC. Seriez-vous prêts à baisser votre chiffre d’affaires pour préserver vos aides ?