Emilien ne regrette rien de son choix, ses racines paysannes l’ont rappelé !

Engagé pour son territoire, Emilien Soulenq, 40 ans, a décidé de s’installer sur la ferme familiale au Rieu sur la commune de Mur.

Ce géographe de formation n’a en effet jamais oublié ses origines agricoles, son Carladez de naissance, en démarrant une carrière d’enseignant chercheur sur les questions de développement rural et territorial, à Toulouse. Né à Thérondels, il s’est ensuite installé avec sa petite famille dans la maison de ses grands-parents, à Mur de Barrez, au Rieu, là où ses parents élèvent des Aubrac. Il a alors travaillé au démarrage du PNR Aubrac, en charge du pôle économie et services. Jusqu’en 2021 où il a pris sa décision, de devenir éleveur pour de bon !

Titutaire de deux masters en développement rural, Emilien a tenu à passer son BPREA pour s’installer : « J’ai toujours donné un coup de main à la ferme mais ce n’est pas être présent au quotidien et connaître toutes les ficelles du métier, il me fallait un temps de formation notamment sur l’agronomie, l’approche végétale, la gestion-comptabilité et le développement d’un projet ». Après cette année de formation à l’ADPSA, Emilien s’est donc officiellement installé en octobre 2022 avec sa mère, en GAEC, son père ayant pris la retraite. « Je m’inscris vraiment dans la continuité de mes parents, autour d’un troupeau de 80 à 85 mères Aubrac en race pure sur 110 ha sur les communes de Mur de Barrez et Thérondels, avec quelques estives dans le Cantal », explique l’éleveur. Un système somme tout assez traditionnel autour de la production de repousses, de broutards commercialisés par CELIA. « Toutes les génisses sont vendues à la repro via le GIE Aubrac notamment ainsi que quelques mâles dont certains sont aussi sélectionnés à la station d’évaluation », détaille Émilien, qui croit beaucoup dans le collectif. « Le métier d’éleveur est dur, exigeant même si mes parents ont bien travaillé avant moi, le collectif nous aide à avancer, à progresser. C’est une source de plus-value pour la ferme, pour le territoire ».

La typicité de l’élevage Soulenq c’est la mixité, sans trop de viande « pour garder la rusticité de la race Aubrac ». Émilien mise sur les conditions de vêlage, la valorisation de la pâture, les qualités maternelles « mais sans être dans l’exagération d’une vache d’élevage ! C’est une recherche perpétuelle d’équilibre !», sourit l’éleveur, qui ne manque pas de produire quelques Bœuf Fermier Aubrac ou quelques vaches grasses sous la marque Bœuf du Carladez, relancée à la foire de mai à Thérondels. « Parfois, poussé par le marché on pourrait être tenté de faire plus de viande mais nous avons aussi une image de marque à défendre. Dans le Massif central, nous avons des qualités d’élevage que l’on ne retrouve pas ailleurs grâce à la valorisation de l’herbe. Notre métier en sera que plus valorisé », argumente Émilien, qui réfléchit à la mise en place du pâturage tournant pour plus d’optimisation et à l’apport protéique sur ses récoltes pour plus d’autonomie.

 Le troupeau a été inscrit au Herd-Book par son père et Émilien adhère au contrôle de performances VA4 : « c’est un bon outil pour améliorer le troupeau ». Pour la repro, la monte naturelle est privilégiée avec toutefois quelques IA pour synchroniser des génisses gardées pour les taureaux à vêlage facile. Les concours sont aussi une bonne école ! « Mon père n’était pas un fana des concours, il participait simplement au cantonal pour soutenir la démarche locale, le collectif. Moi, les concours, ça me plaît davantage ! Même si j’y participe sans prétention, simplement pour savoir où j’en suis », témoigne Émilien qui aime aussi en suivre quelques-uns en spectateur pour « aiguiser l’œil et repérer quelques taureaux » ! Cette année, il devait participer au Sommet de l’élevage et au National Aubrac à Aumont.

 « Ce qui me plaît avant tout c’est l’animation autour de ces concours. Nos cantonaux attirent du monde et font le lien entre agriculture et ruralité, c’est la vie de nos territoires », estime Émilien par ailleurs élu à la mairie de Thérondels. Pour lui c’était une évidence de s’impliquer au syndicat cantonal Aubrac de Mur de Barrez qui accueille une année sur 2 le cantonal : « Nous sommes une bonne équipe dynamique avec des jeunes et quelques anciens pour nous épauler et on ne manque pas d’ambitions pour notre territoire puisqu’on envisage d’accueillir le Départemental Aubrac à Lacroix-Barrez en 2026 », annonce fièrement Émilien. « C’est sûr que cette dynamique fait du bien ! Je n’ai pas envie de vivre dans un désert ! L’animation locale est indispensable, on le voit à la foire de Thérondels au printemps, à la fête de l’élevage qui s’est relancée cet été... Nous sommes un territoire qui vit !», conclut l’éleveur