Enfin de la pluie !

[Bovin : conjoncture sem 18-2021] La crainte des éleveurs de devoir affronter une année de sécheresse s’estompe avec les pluies de ces derniers jours, même si ces précipitations n’ont pas été équitablement réparties.

Les volumes abattus sur le mois d’avril sont stables, mais les disponibilités seront en net repli sur le mois de mai, avec les travaux de saison et des précipitations qui vont permettre aux éleveurs d’attendre une revalorisation des prix pour vendre. En revanche, les régions qui n’ont pas reçu de pluie risquent de voir apparaître des sorties prématurées d’animaux souvent en manque de finition.

Les éleveurs ont besoin d’une herbe de qualité pour engraisser et finir leurs animaux. Les volumes récoltés en ensilage ou enrubannage pour ce début de printemps sont souvent de qualité, mais limités en quantité. Du côté des laitières, une grande partie des animaux part encore à l’abattoir sans finition préalable avec un état d’engraissement (1 ou 2).  Une vache laitière sur trois est abattue non finie sur le grand Ouest et une sur deux en zone de montagne. Pourtant, le gain économique de l’engraissement est très appréciable (quand cela est possible). Une vache engraissée prend en moyenne 70kg selon l’institut de l’élevage, elle peut gagner 1/2 de classe avec un écart de valorisation souvent considérable. L’augmentation du prix de vente peut ainsi représenter un gain allant de 170€ à 200€/ animal.

"Le cheptel français n’est pas calibré pour une consommation de viande transformée à plus de 60%"

Le covid 19 a tout bouleversé, les flux de marchandises et un renforcement de la demande en viande hachée. Or, le cheptel français n’est pas calibré pour une consommation de viande transformée à plus de 60%, ce qui oblige les transformateurs à intégrer les pièces nobles qui ne trouvent plus preneur. Ce n’est pas le cas en Allemagne où les races présentes sur le marché entrent mieux dans ce schéma.

Les allaitantes de milieu de gamme auront de plus en plus de mal à trouver leurs places entre les produits standards de magasin et les catégories bouchères. La revalorisation des viandes hachées permet un meilleur équilibre matière, mais cela est encore insuffisant. Les bonnes laitières fournissent des pièces d’aloyaux à bas prix sur le marché, ce qui convient très bien aux distributeurs et à la RHF.

Le mois de mai qui se profile sera un peu particulier, avec des ponts du 1er et du 8 mai qui tombent des samedis avec des contraintes de confinement et de couvre-feu qui limite toujours les mouvements des populations et perturbent le commerce dans les GMS. Le déblocage progressif des contraintes imposées par la Covid 19 donne en revanche des perspectives et de nombreuses réservations sont déjà prises pour le jeudi de l’Ascension. La restauration peut également se projeter dans une reprise d’activité. Même si les viandes d’importation sont peu présentes depuis la fermeture de la RHF, le flux reste présent et pourrait se renforcer dans les semaines et mois à venir notamment pour équilibrer les flux, sur un marché européen toujours très interdépendant.