Faut-il apporter des engrais du commerce sur du maïs conduit en AB ?

Les apports d’engrais organiques sur les maïs conduits en bio ne sont pas toujours rentables. Ils doivent être priorisés sur les parcelles les plus susceptibles de valoriser l’azote, mais ils se raisonnent également à plus long terme pour maintenir la fertilité phospho-potassique des sols.

Compte tenu du coût élevé des fertilisants utilisables en AB, la prise en compte de la dimension économique dans le raisonnement de la fertilisation est importante, notamment pour les exploitations sans élevage (qui ne disposent pas d’engrais de ferme).

Une rentabilité annuelle variable

À court terme, les apports ne sont pas toujours rentabilisés.

C’est ce que montre une série de 5 essais sur maïs réalisés entre 2018 et 2020 par ARVALIS, la Chambre d’agriculture de Dordogne et la Chambre d’agriculture des Landes. Dans ces essais, le maïs a été fertilisé avec des PAT (engrais organiques à base de farines de viande, d’os et de sang) contenant, selon les essais, 9 à 10 % d’azote, 2 à 6 % de phosphore et 0 à 2 % de potassium. La dose d’azote à l’optimum économique, déterminée pour un prix de vente du maïs de 300 €/t, variait entre 0 et environ 250 kg N/ha, selon les essais et le prix de l’engrais (tableau 1).

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Raisonner à la rotation pour prendre en compte tous les éléments

Ces résultats d’essais annuels reflètent principalement la réponse du maïs à la fertilisation azotée, alors que la gestion du phosphore et du potassium se raisonne davantage à l’échelle de la rotation. Ainsi, considérer la rentabilité des apports uniquement à court terme en se basant essentiellement sur l’azote peut conduire à des impasses. Certes, il est important de prioriser les apports sur des parcelles qui devraient, a priori, bien les rentabiliser l’année en cours. C’est par exemple le cas des cultures comme le blé ou le maïs, qui valorisent bien les apports d’azote, en ciblant les parcelles à reliquat d’azote minéral faible à modéré en sortie d’hiver ou au semis des cultures de printemps, sans précédent légumineuse (en culture principale et/ou en culture intermédiaire), et où la gestion des adventices est satisfaisante.

Cependant, puisque les fertilisants disponibles en AB apportent aussi d’autres nutriments que l’azote, il convient aussi de raisonner ces apports à plus long terme en s’appuyant, pour le phosphore et le potassium, sur des analyses de terre et/ou des bilans entrées – sorties de ces éléments.

 

Grégorie VERICEL - ARVALIS