FNB : « La filière bovine française ne doit plus perdre une seule vache dès 2024 »

[Sommet de l'élevage 2023] La Fédération nationale bovine (FNB) est totalement disposée à inscrire la filière dans la décarbonation mais pas au prix de la décapitalisation. Elle réclame davantage de soutien au revenu et à l’installation, ainsi que la défense et la promotion d’un élevage bovin « à la française ».

« La filière bovine française ne doit plus perdre une seule vache dès 2024 » : c’est l’injonction lancée par Patrick Benezit, président de la Fédération nationale bovine, à l’ouverture du Sommet de l’élevage à Cournon (Puy-de-Dôme).

Selon l’institut de l’élevage, au cours des six années passées (décembre 2016 à décembre 2022), le cheptel bovin français a perdu 9,5% de ses effectifs, soit 837.000 vaches, réparties entre 494.000 vaches allaitantes (-11,4%) et 443.000 vaches de races laitières et mixtes (-7,7%).

"Chaque fois que l’on perd une vache française, elle est remplacée par une vache venant d’ailleurs"

Et selon la FNB, le cap du million de têtes devrait être allègrement franchi en 2023. « Chaque fois que l’on perd une vache française, elle est remplacée par une vache venant d’ailleurs et de beaucoup plus loin que l’Europe », poursuit Patrick Benezit, qui rappelle que la consommation de viande ne baisse pas. Selon FranceAgriMer, la consommation totale de viande des Français, à domicile et hors domicile, a augmenté de 0,8% en 2022. Celle de bœuf en particulier a progressé de 1,1%.

La FNB a fait ses comptes : en l’espace de 10 ans, le Brésil et l’Argentine réunis ont accru leur cheptel dans des proportions équivalentes à la taille du cheptel français, « avec parfois des conditions de production interdites en France ».

Rémunération et défiscalisation

Pour mettre fin à la décapitalisation, l’interprofession appelle à des mesures de soutien à la rémunération et à l’installation. « Il faut garantir aux éleveurs qu’ils vont pouvoir vivre de ce métier, c’est la priorité des priorités », juge Patrick Benezit, qui attend des pouvoirs publics qu’ils fassent appliquer les lois Egalim. « Aujourd’hui, les prix de marché restent inférieurs aux coûts de production ». La profession attend aussi du gouvernement un coup de pouce fiscal lié à la revalorisation des stocks de bovins, en lien avec l’inflation. « La valeur des stocks a augmenté, mais pas la plus-value car une vache ne produit toujours qu’un veau par an, même si elle vaut plus cher », argumente l’éleveur du Cantal.

"La décarbonation ne rime pas avec décapitalisation"

L’affaiblissement de la filière bovine intervient au moment où l’agriculture, comme l’ensemble des secteurs économiques, va devoir réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre pour satisfaire les engagements de la France. De là à voir dans la décapitalisation la solution toutes trouvée... Un scénario qui hérisse la FNB. « L’élevage bovin français est un modèle de vertu, de biodiversité et de vitalité des territoires, souligne Patrick Benezit. Quand l’élevage disparaît, ce sont les Canadair qui les remplacent. Le secteur bovin est disposé à poursuivre ses efforts de décarbonation. On a fait des efforts et on pense avoir encore des marges de manœuvre ».

Pour la FNB, face à l’urgence climatique, il y a urgence à  stopper la décapitalisation. Alors qu'Emmanuel Macron évoquait récemment une « écologie à la française », la filière ne réclame pas moins que la défense et la promotion d’un « élevage bovin à la française ». Elle attend aussi de la part de la Commission européenne moins de zèle en matière d’accords de libre-échange (Mercosur) et de révision des textes, s’agissant notamment de la Directive sur les émissions industrielles (IED).