Légumes : mesurer les risques de l’assolement

Assurer le revenu en diversifiant les productions ou miser sur la spécialisation ? Le choix de l’assolement en légumes doit être bien mesuré.

Diversification ou spécialisation de la production de légumes, chaque système présente ses avantages et inconvénients. Pour maîtriser le risque, il faut tenir compte des techniques agronomiques, du besoin en main d'œuvre et des résultats économiques possibles. Trois variables fortement influencées par le nombre de cultures produites. Le choix de cultiver un nouveau légume n'est pas sans risque, compte tenu des cours fluctuants. Il faut donc analyser les débouchés, le dynamisme du marché et voir si le niveau de marge brute dégagée sera suffisante pour valoriser la main d'œuvre mobilisée.

Gestion de la main d'oeuvre

La filière légumes a un besoin important de personnel qui diffère selon les productions et le taux de mécanisation. Dans une exploitation diversifiée, la problématique s'amplifie avec des pics qui peuvent se chevaucher entre cultures, sans oublier les aléas climatiques. Au contraire, dans une exploitation spécialisée, des plannings facilitent la gestion du personnel. En revanche, l'exploitation spécialisée est dépendante des résultats économiques d'une seule culture. S'ils sont bons, elle en profitera plus qu'une exploitation diversifiée. S'ils sont mauvais, ils ne seront pas compensés par ceux d'autres cultures.

Calcul de la variabilité économique

La diversification de l'assolement permet d'assurer le revenu tout en stabilisant la marge brute dans le temps. Cependant, certaines cultures peuvent augmenter le risque économique. Le calcul de la variabilité des résultats économiques permet à une exploitation de positionner ce risque. Prenons trois exploitations de taille similaire (cf. tableau) : l'exploitation 1 a un assolement spécialisé et les 2 et 3 sont diversifiées avec des résultats économiques fluctuants pour la 2. En prenant les résultats de conjonctures dites moyenne, favorable et défavorable, calculées à partir des résultats économiques moyens de chacune des cultures de 2012 à 2017, plusieurs constats sont possibles. Dans un contexte de conjoncture stable, les résultats des exploitations diversifiées dans des productions aux marges brutes à faible fluctuation, sont très proches des exploitations peu diversifiées. Ce n'est pas le cas des exploitations ayant pris le risque d'introduire dans leur assolement des cultures aux résultats beaucoup plus aléatoires. Leurs résultats sont supérieurs de 25%. De plus, lorsque l'on compare les assolements des exploitations diversifiées, le choix de cultures sensibles aux fluctuations de prix augmente l'amplitude des résultats économiques. A l'inverse, en période de cours défavorable, l'ensemble des résultats sont au même niveau.

Simulations

Type d'assolement

Exploitation 1 « spécialisée »

Exploitation 2 « diversifiée fluctuant »

Exploitation 3 « diversifiée stable »

Productions

Chou-fleur : 15 ha

Artichaut : 10 ha

Chou-fleur : 13 ha Artichaut : 4 ha

Échalote : 3 ha

Oignon rosé : 2 ha

Fenouil : 1 ha

Salade : 2 ha

Chou-fleur : 11 ha

Artichaut : 6 ha

Brocoli : 2 ha

Carotte : 2 ha

Romanesco : 2 ha

Pomme de terre : 2 ha

Résultats conjoncture « moyenne » *

base 100

125

104

Résultats conjoncture  « défavorable » *

87

88

87

Résultats conjoncture « favorable » *

113

162

121

Ecart des extrêmes *

27

74

34

* calculs réalisés d'après les marges de chaque production de 2012 à 2017