Bayer défend le glyphosate et confirme ses objectifs

Bayer a affiché mardi sa confiance dans l'intégration de Monsanto et l'avenir de son herbicide au glyphosate, désormais visé par plus de 9.000 requêtes judiciaires, tout en confirmant ses objectifs annuels après un troisième trimestre meilleur qu'attendu.

"Le glyphosate figure parmi les principes actifs les plus indispensables à une agriculture moderne: sûr dans son application, très efficace et économe en ressources", a vanté le patron du groupe de Leverkusen, Werner Baumann, lors d'une conférence téléphonique. Ces déclarations sont d'autant plus surveillées que les risques juridiques associés au glyphosate sont devenus l'inquiétude majeure entourant Bayer depuis son rachat du géant américain des pesticides et OGM Monsanto, le plus coûteux de son histoire.

"Au 30 octobre, quelque 9.300 requêtes avaient été déposées aux Etats-Unis" contre le glyphosate, "et d'autres devraient suivre", a indiqué M. Baumann. Les pointages à la mi-août, lorsque Bayer a débuté l'intégration de Monsanto, faisaient encore état de 5.000 procédures. Le chimiste allemand, qui a poursuivi Monsanto de ses assiduités, relevé deux fois son offre et finalement déboursé 63 milliards de dollars (54 milliards d'euros) pour acquérir le géant américain des pesticides et des OGM, reste néanmoins "convaincu d'avoir de bons arguments" pour "défendre" le glyphosate. 

Glyphosate 'sûr'

Selon son patron, Bayer entend toujours "faire appel" du jugement californien condamnant Monsanto à indemniser Dewayne Johnson, un jardinier atteint d'un cancer en phase terminale, pour ne pas l'avoir assez informé de la dangerosité de son herbicide au glyphosate. La justice de San Francisco a certes réduit fin octobre de plus de 200 millions de dollars la condamnation infligée mi-août, pour la ramener à 78 millions de dollars, mais elle a confirmé sur le fond la responsabilité de Monsanto. "Il ne s'agit que d'une décision de première instance, qui n'a pas d'incidence sur les autres procédures", s'est efforcé de relativiser Werner Baumann, alors qu'une multiplication de jugements analogues coûterait des milliards à Bayer.

Une nouvelle fois, M. Baumann a martelé sa confiance dans l'innocuité du glyphosate en invoquant "plus de 800 études scientifiques et des décennies d'expériences et d'examens par les autorités réglementaires du monde entier". Plus largement, Bayer s'est réjoui d'avoir engagé "avec succès" l'intégration de Monsanto, lui permettant de confirmer son objectif d'un chiffre d'affaires annuel de 39 milliards d'euros.

Timide rebond

Au troisième trimestre, son bénéfice net a reculé de 25,6% sur un an pour s'établir à 2,8 milliards d'euros, tandis que le chiffre d'affaires a progressé de 23,4% à 9,9 milliards d'euros, dépassant légèrement les attentes des analystes sondés par Factset. Comme pour chaque trimestre depuis un an, les chiffres de Bayer reflètent ses changements de périmètre destinés à avaler Monsanto, pour trouver de l'argent frais tout en satisfaisant les autorités de la concurrence. Ainsi, le repli du résultat net s'explique par une base de comparaison défavorable, puisque le troisième trimestre 2017 avait bénéficié des 2,2 milliards d'euros levés par le groupe en se retirant de sa filiale de chimie spécialisée Covestro.

Ensuite, entre juillet et septembre, Bayer a cédé une partie de ses semences et désherbants à son compatriote BASF, pour quelque 7,6 milliards d'euros, évitant que sa division agrochimie ("Crop Science") ne gonfle au-delà de l'acceptable. Le produit de ces cessions se reflète sur le résultat opérationnel (EBIT), qui fait plus que tripler à 4,4 milliards d'euros, alors qu'il recule de 20,6% à 1,3 milliard d'euros en ne tenant pas compte des effets exceptionnels. Fortement malmené en Bourse depuis le jugement Johnson, le titre Bayer reprenait 2,17% à 69,30 euros vers 10H00 GMT, mais affichait encore plus de 24% de pertes depuis le début de l'année.