Betteraves : feu vert du ministre pour les traitements de semences

A l’issue d’une réunion avec les représentants de la filière betterave et sucre, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a annoncé un plan de soutien avec une promesse phare : la possibilité d’une dérogation pour l’utilisation de semences traitées aux néonicotinoïdes.

« C'est une question de souveraineté », affirme-t-on au ministère de l'Agriculture. Julien Denormandie, qui avait promis aux betteraviers qu'il ne les laisserait pas tomber, a répondu à l'une de leurs principales demandes :  une dérogation pour l'utilisation de semences traitées aux néonicotinoïdes pour la prochaine campagne et les deux suivantes « tout au plus ».

« La campagne 2020 a démontré que les alternatives techniques aujourd'hui disponibles se sont révélées inefficaces pour la culture de la betterave, en particulier dans les conditions climatiques du début de l'année », reconnaît-on au ministère. Le virus de la jaunisse qui s'est développé massivement sur les betteraves françaises cette année va entraîner des pertes de rendement pouvant atteindre entre 30 et 50% sur les parcelles fortement touchées. Face au risque d'abandon massif de la culture de la betterave pour 2021, le ministère a annoncé le 6 août la mise en œuvre d'un plan d'action de soutien à la filière.

Il propose notamment une « modification législative cet automne » pour pouvoir « prendre au moment des semis une dérogation de 120 jours pour les semences enrobées » à base de néonicotinoïdes, une famille d'insecticides que l'Union européenne a interdit en 2018. Cette dérogation est possible grâce au recours à l'article 53 du règlement européen n°1107/2009, « comme le font d'autres pays européens confrontés aux mêmes difficultés », précise le ministère. Le règlement européen autorise cette possibilité à la condition « qu'une telle mesure s'impose en raison d'un danger qui ne peut être maitrisé par d'autres moyens raisonnables ».

Cette possibilité de dérogation sera conditionnée par l'interdiction de semer des cultures attractives pour les pollinisateurs après celles de betteraves, afin de ne pas exposer les insectes pollinisateurs aux résidus éventuels de produits. Seule l'utilisation via l'enrobage des semences est envisagée, celle par pulvérisation demeurant interdite.

Le ministère prévoit aussi « un examen des pertes de rendement de la campagne 2020 et une indemnisation dans le cas de pertes importantes liées à cette crise de la jaunisse de la betterave dans le cadre du régime d'aide de minimis ».

Il promet également 5 millions d'euros supplémentaires pour la recherche publique et privée dans l'identification des alternatives aux néonicotinoïdes.

La France est le premier producteur de sucre européen et le secteur concerne 46 000 emplois dont 25 000 agriculteurs et 21 sucreries. En 2018, l'excédent commercial du sucre pesait 1 milliard d'euros, soit le quatrième poste d'excédent commercial pour l'agroalimentaire français après les vins et spiritueux (12,3 Md€), les céréales (5,8 Md€) et les produits laitiers (2,5 Md€).